Les secrets du langage se cachent en ce langage même ; mais seule une vision holistique permettra de les découvrir.
Dans cet article, les lecteurs pourront se plonger dans les profondeurs de l’évolution du langage depuis les langues boréennes (environ -300 000 à -10 000), les idiomes de nos ancêtres Homo sapiens, jusqu’aux langues actuelles. Cet écrit leur permettra d’éclaircir grandement les langues qu’ils apprennent ou dont ils entreprennent les recherches.
Les lecteurs découvriront de nombreux secrets du langage qui n’ont jusqu’à lors jamais été révélés mais qui le peuvent désormais à l’aide d’un spectre très large employé ici. Nous enquêterons principalement sur les « patrons », des ensembles de consonnes et de voyelles qui se remarquent toujours dans chaque langue des grandes familles de langue.
Éclairer nos consciences de ces patrons permet d’apprendre n’importe quelle langue avec sens et conscience ; on peut alors en repérer les mots natifs simples ou complexes et les retenir plus efficacement.
Ces lignes démontrent l’universalité des langues du monde, et devraient apporter grande aide aux apprenants et chercheurs, leur donnant l’impression que toutes les langues « étrangères » qu’ils apprennent sont en fait un souvenir ancestral et plaisant qui dormait profondément en eux.
Sommaire
Introduction
Quinze patrons dans les grandes familles de langues
Dix patrons typiques du chinois
Dix patrons typiques du coréen et japonais
Dix patrons typiques du thaï
Dix patrons typiques de l’hébreu et l’arabe
L’origine des accents toniques en japonais et coréen
Les mots secrets
Les mots de l’Eurasie
La logique transhimalayenne et austroasiatique
Les caprices du « p » coréen
La réponse dans la traduction
L’éclairage du chinois archaïque
Le principe de NicoDico
Une nouvelle conclu-discussion
Introduction
Si les propos de l’auteur émis à propos de toutes les langues et écritures du monde sont avérés, et qu’ainsi toutes les langues actuelles du monde dérivent bien tout du moins des langues boréennes, en corrélation avec l’écriture qui descend de gravures, dessins et motifs, ces traces doivent encore s’observer dans les langues actuelles.
Nous allons enquêter et découvrir que ces évolutions se sont fossilisées dans toutes les langues de nos temps. Nous appellerons ainsi « patrons » les ensembles de consonnes et voyelles qui forment la plupart des mots basiques des langues actuelles.
Un patron est le plus souvent l’ensemble d’une consonne, une voyelle, une consonne et une voyelle, qui se retrouve de manière locale dans chaque langue du monde. Les linguistes du passé et du présent ont souvent désiré retrouver l’exact même trace d’une langue dans une autre ; or cela est strictement impossible si l’on ne peut élargir sa pensée et dépasser l’emprise de sa langue maternelle, donc de sa pensée strictement locale.
Pour découvrir un patron dans une langue et le sonder, il faut adapter son esprit à chaque langue et penser ainsi qu’un natif dans son idiome local. Cette adaptation mentale permettra d’amplifier sa pensée et de comprendre chaque langue du monde dans son essence même.
Nous savons désormais que lors de la rencontre entre différentes espèces locales du genre homo telles que Homo sapiens, Dénisovien, Néandertal et bien d’autres populations fantômes, il s’est opéré des changements linguistiques majeurs car l’esprit de ces hommes locaux, les aborigènes de ces terres, semblait diamétralement opposé à celui de sapiens. Cela s’observe tout particulièrement auprès des langues qui ne possèdent pas une structure SVO (sujet objet verbe), à l’instar des langues est-asiatiques que nous étudions sur NicoDico.
Cette transition des différentes formes de boréen (langue SVO) au transeurasien (langue SOV), transhimalayen (langue SOV), les ancêtres respectifs du coréen, japonais et chinois, a transformé les mots basiques du langage par inversions de syllabes (métathèse), ajouts de syllabes (épenthèse), mais aussi pertes de syllabes (élision ou perte intiale).
Le phénomène de l’élision s’observera également dans les langues austroasiatiques (SOV) comme le thaï ou encore le vietnamien. Dans les langues afroasiatiques (VSO), on observera de fréquentes inversions de syllabes (métathèse) et des ajouts de syllabes (épenthèse), comme si la transition SVO à VSO avait provoqué un manque qu’il fallait combler.
Ces transmutations des syllabes vont de pair avec l’inversion de l’ordre des mots à l’arrivée de locuteurs du boréen, passant ainsi d’une structure sujet-objet-verbe (SVO) à SOV pour les langues asiatiques et VSO pour les langues afroasiatiques. Ce choc linguistique et culturel s’étant très probablement produit l’arrivée de nouveaux natifs du genre homo semble avoir littéralement ébranlé jusqu’à l’essence même des langues locales et de leurs locuteurs.
Dans chaque patron, les consonnes se conservent assez bien la plupart du temps mais de manière locale ; les voyelles sont, quant à elles, fort volages. Ainsi semblera-t-il fort ardu de chercher l’exacte correspondance entre chaque voyelle des grandes familles de langues du monde.
Les langues étant constamment sujettes à leur temps et aux vicissitudes de l’histoire, certains mots se seront malheureusement effacés de leurs patrons, remplacés par d’autres vocables appartenant à des patrons de sens similaire : ainsi vont les langues en constante transition, au sein de notre monde, le globe terraqué.
Nous allons examiner en détails les transitions entre les différentes langues du monde, à l’aide du chinois, japonais, coréen, arabe, hébreu et thaï. Les lecteurs pourront s’amuser à comparer tous les niveaux d’ancestralité, du Paléolithique au présent, et constater qu’autrefois certains mots se ressemblaient intimement ; ils remarqueront également que plus l’on se rapproche des langues actuelles plus les langues divergent et s’éloignent, ce qui correspond à la déhiscence progressive de toutes les sociétés du monde.
Les langues de nos ancêtres vont en se fragmentant et voilent désormais le passé commun de tous les habitants de la Terre. Voici venu le temps de ravauder cette belle toile commune.
Une courte histoire des langues boréennes
Nos ancêtres, Homo sapiens (environ -300 000 à maintenant), se sont développés sur le continent africain avant d’en sortir pour essaimer de par le monde. Ils parlaient (au moins) une langue SVO (sujet, verbe, objet) que nous appellerons boréen, et sont les seuls à avoir survécu parmi toutes les espèces humaines qui ont existé.
Entre -100 000 et -60 000, ils ont migré par plusieurs reprises sur la Terre et se sont peu à peu installés sur tous les continents. Ils y ont rencontré d’autres espèces aborigènes comme Néandertal (-400 000 à -40 000), Dénisovien (-400 000 (?) à -40 000), Homo erectus (-2 000 000 à -100 000) ainsi que d’autres inconnues au bataillon et dénommées espèces « fantômes ».
Ces espèces parlaient principalement des langues SOV ou encore d’autres combinaisons non SVO au vu de leurs outils lithiques, puisque nous savons désormais que la taille de la pierre influence la langue parlée par une certaine espèce.
En se mélangeant de la sorte avec des populations à l’esprit parfois diamétralement opposé, nos ancêtres se sont sûrement adaptés aux coutumes locales et leurs langues se sont transformées, passant de SVO à SOV, ou encore VSO. Ces transitions expliquent entre autres les changements fondamentaux présents dans les langues du monde entre les langues boréennes et les grandes familles de langues.
Nous parlons ainsi tous une langue d’Homo sapiens, qui a évolué localement et spécifiquement ; les langues sont de la sorte toutes liées par de solides liens universels.
Quinze patrons dans les grandes familles de langues
Découvrons ensemble quinze patrons, parmi tant d’autres, qui demeurent fossilisés dans les principales familles de langues du monde.
Il s’agit de vocables différents de l’article précédent, afin d’éviter de radoter.
I) Avoir peur, être effrayé
Boréen *paraka (peur), patron : p | b・r・k | g・.
Ce mot boréen semble renvoyer à une manifestation primitive de la peur : parh, phar !
Ce patron semble perdu en coréen, remplacé par 놀라다 (norrada | surprendre) ou encore 무섭다 (museopda | avoir peur).
Remarquons que le thaï choisit la dernière partie du mot boréen ; mais que le chinois semble employer les deux parties, le phénomène de l’élision étant lui aussi foisonnant, et se produisant souvent de cette manière en thaï et en chinois.
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*paraka | Transeurasien *oreka (être surpris) (perte initiale) | Indo-européen *pr̥k- | *preg (avoir peur) | Afroasiatique *purek (avoir peur) | Austroasiatique *kra (avoir peur) | Transhimalayen *phāk (怖|怕) (怖 donne 怕) et *krang (驚) |
Proto-coréen-japonais *enterek (épenthèse) | Proto-germanique *furhtį̄ | Proto-sémitique *pirek | Proto-thaï *krang | *kua | Chinois archaïque *pʰaːs (怖) *pʰraːɡs (怕) et *kreŋ (驚) | |
Japonais | coréen archaïque *odwoworoku | Anglais archaïque fryhtu | fyrhto | Racine arabe et hébreu ف ر ق (f-r-q) פ־ח־ד (p-ḥ-d) | Chinois médiéval pʰˠaH (怕) pʰuoH | pʰʉɐt̚/ (怖) et kˠiæŋ (驚) | ||
Japonais | coréen médiéval *odoroku | Anglais médiéval fright | furht | ||||
Japonais | coréen odoroku (おどろく | 驚く) (être surpris) | Anglais fright (peur) | Arabe فَرِقَ (fariqa) (avoir peur) Hébreu פיחד | פִּחֵד (pikhéd) (avoir peur) | Thaï กลัว (gluua) ou เกรง (grang) ((avoir) peur) | Chinois mandarin 怕 [pà] 怖 [bù] et 惊 | 驚 [jīng] À notre époque, on dit : 害怕 [hàipà] (avoir peur) 恐怖 [kǒngbù] (peur) 吃惊 [chījīng] (être surpris) |
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II) feu
Boréen : *paha (feu), patron p | f・(h・).
Peut-être ce mot provient-il de la manifestation flamboyante des flammes qu’auront observée nos ancêtres lorsqu’un feu se forme puis s’embrase : pfwaah !
Remarquons que la fin du patron semble se perdre en toutes les langues et que le thaï évolue pareillement que l’anglais, mais localement.
Le chinois évolue tout aussi pareillement, mais semble contaminé par la racine *huma (feu ; brûler), l’inverse (métathèse) de *paha (feu), d’où l’irrégularité en transhimalayen. Cette contamination semble toutefois disparaître et le mot recouvre sa phonétique d’origine dès le chinois archaïque.
Dans les langues transeurasiennes, on observe encore la proximité des mots « feu » et « soleil », l’accent tonique les différenciant : 日 (ひ | hi | soleil) et 해 (hae | soleil), 火 (ひ | hi | feu) et 불 (bul | feu). Les accents sont abordés plus en avant de l’article.
Observons enfin l’ajout de syllabes (épenthèse) en afroasiatique puis l’inversion des syllabes (métathèse) en hébreu dès le proto-sémitique.
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*paha | Transeurasien *pore (brûler ; feu) | Indo-européen *paəwr̥ | *pah2wr̥, (feu) | Afroasiatique *(sa)faḥ- (feu ; brûler) | Austroasiatique *puy (feu) | Transhimalayen *mēj(H) (火) (feu) |
Proto-coréen-japonais *peuri | Proto-germanique *fōr | Proto-sémitique *safaha (épenthèse) | Proto-thaï *pai | Chinois archaïque *m̥ǝ̄́j | *hwǝ̄́j (火) | |
Japonais | coréen archaïque *pi *peul | Anglais archaïque fȳr | Racine arabe et hébreu ع ف س (s-f-h) שׂ־ר־ף (s-r-f) | Chinois médiéval *huɑX (火) | ||
Japonais | coréen médiéval *fi *pul | Anglais médiéval fier | ||||
Japonais hi (ひ | 火) (feu) Coréen bul (불) (feu) | Anglais fire (feu) | Arabe سَفَعَ (safaʻa) Hébreu שָׂרַף (saráf) (brûler) | Thaï ไฟ (fai) (feu, flamme) | Chinois mandarin 火 [huǒ] (feu) |
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III) arbre
Boréen : *taro (arbre ; souche), *boke (arbre ; forêt) *sarwa (bois ; forêt), *karu (arbre).
Patrons : 1) t ・r・ ; 2) b | m・k・3) s(h)・r・w・4) k・r・.
Les racines pour les animaux et les végétaux sont assez intriquées et mélangées, car on s’imagine que chaque locuteur possédait sa façon orale et locale de désigner un être vivant, arbre ou animal.
Il faut tout de même les présenter aux lecteurs car elles témoignent de la richesse des mots de la sylve et de l’harmonie certaine de nos ancêtres avec la nature.
Observons qu’en arabe et hébreu, la racine du mot « arbre » s’inverse (métathèse) pour donner « forêt », un phénomène très récurrent lorsque l’on créait un nouveau mot autrefois :
ش ج ر (š-j-r) (arbre) devient ح ر ش (ḥ-r-š) (forêt) : شَجَرَة (šajara) (arbre) s’inverse donc pour donner حِرْش |حُرْش (ḥirš | ḥurš) (forêt).
En hébreu, la racine *sarwa semble partiellement perdue et remplacée par quelques autres de sens apparenté. Elle transparaît cependant auprès de certains mots ayant rapport avec les arbres : יַעַר (yá’ar) (forêt), עֵצָה (eitsá) (bois (matériau)) et עֵץ (‘etz) (arbre, forêt).
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*taro *boke *sarwa *karu | Transeurasien *kolu (?) (arbre ; souche) | Indo-européen *deru- | *dreu- (solide ; arbre) | Afroasiatique *sahwa (arbre) | Austroasiatique *moj et *tru(n) (arbre) | Transhimalayen *mōk (木) et *t(r)ŏ (株) (arbre) |
Proto-coréen-japonais *koru | Proto-germanique *trewą | Proto-sémitique *sha *(h)iṣ́- (métathèse) | Proto-thaï *mwaj et *tung | Chinois archaïque *tro | *to (株) et *moːɡ (木) | |
Japonais | coréen archaïque *kuy *kuru | Anglais archaïque trēo | trēow | Racine arabe et hébreu ش ج ر (š-j-r) עֵץ (ʿēṣ) | Chinois médiéval *ʈɨo (株) et *muk̚ (木) | ||
Japonais | coréen médiéval *ki *kuru | Anglais médiéval tre | tree | treo | treou | trew | trow | ||||
Japonais ki (き | 木) (arbre ; bois) Coréen kuru 그루 (compteur pour les arbres) | Anglais tree (arbre) | Arabe شَجَرَة (šajara) (arbre) Hébreu עֵץ (‘etz) (arbre ; bois) | Thaï ไม้ (máai) (bois) et ต้นไม้ (dtôn mái) (arbre) | Chinois mandarin 株 [zhū] (compteur pour les arbres) et 木 [mù] (arbre) À notre époque, on dit 树(木) [shù (mù)] (arbre) |
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IV) Sang
Boréen *pile (sang ; esprit) et *chana (sang).
Patrons : p| b・l・ et c(h) | s ・n・.
Ces deux racines, très intéressantes, semblent témoigner d’une différence désuète entre le sang qui circule dans les veines des êtres vivants et le sang qui anime notre esprit ou bien celui externe au corps (car versé).
On observera également que le thaï et l’anglais se ressemblent fortement d’une manière locale.
L’afroasiatique, quant à lui, suit la même transformation que l’anglais « dream » en partant du boréen *chǝmnǝ (rêver) : ch < d.
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*pile *chana | Transeurasien *biujlu (sang) et *chiunu (sang ; esprit) | Indo-européen *blod (sang) | Afroasiatique *dam(a) (sang) | Austroasiatique *le(u)t (sang) | Transhimalayen *shwit (血) (sang) |
Proto-coréen-japonais *pih *ti | Proto-germanique *blōþą | Proto-sémitique *dam- | Proto-thaï *lɯət | Chinois archaïque *swet (血) | |
Japonais | coréen archaïque *p(h)i *ti | Anglais archaïque blōd | Racine arabe et hébreu دَم (dam) דָּם (dam) | Chinois médiéval *hwet̚ (血) | ||
Japonais | coréen médiéval *pi *ti | Anglais médiéval blood | ||||
Japonais chi (ち | 血) (sang) Coréen pi (피) (sang) | Anglais blood (sang) | Arabe دَم (dam) (sang) Hébreu דָּם (dam) (sang) | Thaï เลือด (lêuat) (sang) | Chinois mandarin 血 [xuè] (sang) |
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V) moi, je
*haga (moi ; je), *na (je ; moi), patron : (h)・g・; n・
Cette racine semble être une manière ancestrale de se désigner soi-même, et reflète la pensée des nombreux locuteurs de langues descendantes du boréen.
Dans les langues indo-européennes, on exacerbe son « ego » et aime parler de soi-même, tandis que dans les langues transeurasiennes on fait preuve de plus de restreinte « (particule) ga », d’où l’inemploi ou la dérivation de la racine, de manière culturelle et mutuelle.
Preuve en est qu’en thaï กู (goo) (je ; moi) venant de *haga est assez familier et qu’en japonais et coréen on en tire les particules de sujet direct が | 가 (ga) plutôt qu’un pronom, tandis que ce patron a donné « je » en français et « I » en anglais, deux langues au sein desquelles l’ego se place fort en avant dans une conversation.
Dans toutes les autres langues, où le placement d’ego est différent, l’étymon *na (je ; moi), une façon ancestrale de se désigner soi-même a donné tous les pronoms pour « je ; moi », sauf en langues indo-européennes, où il donne « us » et « nous » devenant inclusif.
Peut-être les locuteurs du boréen eurasiatique utilisaient-ils aussi ce mot pour désigner les gens autour d’eux, à l’instar du coréen 우리 (uri) (nous ; moi). Dans les langues asiatiques et afroasiatiques, il sera fréquent d’omettre le sujet.
Dans la langue thaï, les hommes utilisent désormais le pronom ผม (pŏm) (je ; moi) qui semble issu du mot boréen *kampa (tête ; cheveu), par élision. La tête étant un mot utilisé pour désigner une personne et signe qu’un garçon devenait adulte en changeant probablement sa coiffure, on observera la transition suivante : tête > personne masculine (devenue adulte) > je ; moi (en tant qu’homme).
Le pronom ฉัน (chan) (je ; moi) est issu de l’étymon *na (je ; moi) par ajout de syllabe comme en arabe (épenthèse) et inversion du mot (métathèse). Il s’agit d’une adaptation locale typique.
Remarquons qu’en chinois, on distinguait autrefois 吾 et 我, et que les deux racines semblent s’être contaminée pour créer le mot afroasiatique : *na + *haga = *ana(ku).
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*haga *na | Transeurasien *ga (sujet direct) (perte initiale) et *ŋa (je ; moi) | Indo-européen *éǵ(h)₂ (ego) | Afroasiatique *anā(ku) (je ; moi) | Austroasiatique *(ch)an et *ga (je ; moi) | Transhimalayen *ŋa (吾 | 我) (je ; moi) |
Proto-coréen-japonais *ga et *na | *a | Proto-germanique *ik | *ek | Proto-sémitique *ʔanā(ku) | Proto-thaï *chan et *geo | Chinois archaïque *ŋaː (吾) | *ŋˤajʔ (我) | |
Japonais | coréen archaïque *ga et *na | *a | Anglais archaïque ih | Racine arabe et hébreu أَنَا (ʾana | ʾanā) אֲנִי (aní) | Chinois médiéval *ŋuo (吾) *ŋɑX (我) | ||
Japonais | coréen médiéval *ga et *na | *a | Anglais médiéval I (| ich) | ||||
Japonais ga (が) (particule de sujet direct) Coréen ga (が) (particule de sujet direct) et na 나 (je ; moi) | Anglais I (moi ; je) | Arabe أَنَا (ʾana | ʾanā) (je ; moi) Hébreu אֲנִי (aní) (je ; moi) | Thaï กู (goo) (je ; moi) (familier) ฉัน (chan) (je ; moi) (pour les femmes uniquement) | Chinois mandarin 我 [wǒ] (je ; moi) 吾 [wú] (je ; moi (littéraire)) |
VI) tu ; toi
Boréen *se, *nǝ, *hu, *tu (tu ; toi), patrons : s・; n・; h | y・; t・.
La grande diversité des pronoms et leur étymologie est expliquée plus avant de ce texte.
Observons la multitude de désignations pour « tu » (femme) en transhimalayen et transeurasien qui semble renforcer l’importance de la femme dans les sociétés anciennes de l’Asie de l’Est, principalement matriarcales. Remarquons l’opposé dans les langues afroasiatiques, où le contraste « tu (femme) » et « tu (homme) » est courant.
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*nǝ *hu *tu | Transeurasien *na (tu ; toi) | Indo-européen *yū́ (tu ; toi) | Afroasiatique *(an)ta (tu ; toi) | Austroasiatique *te (tu ; toi) | Transhimalayen *na-ŋ (汝, 女乃, 爾, 而, 你, 戎, 若) (tu ; toi) |
Proto-coréen-japonais *na | *neo | Proto-germanique *iwwiz | Proto-sémitique *(ʾan)ta | Proto-thaï *te(r) | Chinois archaïque *njaʔ | *naʔ | |
Japonais | coréen archaïque *na et *neo | Anglais archaïque ēow | īow | Racine arabe et hébreu أَنْتَ (ʾanta) أَنْتِ (ʾanti) אַתְּ (ʾatt) | אתה (ata) | Chinois médiéval *ȵɨʌX | ||
Japonais | coréen médiéval *na et *neo | Anglais médiéval you | yow | ȝow | ||||
Japonais na (な|汝) (tu ; vous) (archaïsme) なんじ (nanji)そなた (sonata) Coréen neo 너 (tu ; toi) | Anglais you (tu ; toi) | Arabe أَنْتَ (ʾanta) (tu ; toi (homme)) أَنْتِ (ʾanti) (tu ; toi (femm)) Hébreu אַתְּ (ʾatt) (tu (femme))| אתה (ata) (tu (homme)) | Thaï เธอ (ter) ou ท่าน (tan) (tu ; toi) | Chinois mandarin 汝[rǔ] 女 [nǚ] 乃 [nǎi] 爾 [ěr] 而[ér] 你 [nǐ] (le pronom de notre époque) 戎 [róng] 若 [ruò] |
VII) chien
Boréen : *kwana (chien), patron : k | c | q・n・a.
Le chien est un animal qui partage un ancêtre commun avec le loup. Il semble avoir été apprivoisé au moins au Paléolithique supérieur (environ -50 000 à -10 000), si ce n’est avant cela au Paléolithique moyen, ce qui explique son omniprésence dans toutes les langues dérivées des langues boréennes de manière locale.
Le mot boréen semble faire référence à son aboiement de manière ancestrale, qui ressemble fortement au glapissement du renard, dont le cri a aussi donné son nom.
Notons le réflexe « h » en proto-thaï qui montre bien son appartenance au même mot boréen, et s’apparente à l’évolution du mot anglais « hound », de manière locale.
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*kwana | Transeurasien *kanga (chien ; chiot) | Indo-européen *kwon(s)- (chien) | Afroasiatique *kwele (chien) | Austroasiatique *hwma (chien) | Transhimalayen *qwen (犬) (chien) |
Proto-coréen-japonais *kaena | Proto-germanique *hundaz | Proto-sémitique *kalb- | Proto-thaï *ʰmaː | Chinois archaïque *[k]ʷʰˤ[e][n]ʔ *kʰʷeːnʔ (犬) | |
Japonais | coréen archaïque *kae(n) et *inu (perte initiale) | Anglais archaïque hund | Racine arabe et hébreu كَلْب (kalb) כֶּלֶב (kélev) | Chinois médiéval *kʰwenX (犬) | ||
Japonais | coréen médiéval *kahi et *inu | Anglais médiéval hound | ||||
Japonais inu (いぬ|犬) (dog) Coréen kae (개) (chien) | Anglais hound (chien ; limier) “dog” semble une création native plus récente | Arabe كَلْب (kalb) (chien) Hébreu כֶּלֶב (kélev) (chien) | Thaï หมา măa (chien) | Chinois mandarin 犬 [quǎn] (chien) À notre époque, on utilise : 狗 [gǒu] (chien) |
VIII) gens d’une même origine
Boréen : *kene (gens d’une même origine), patron : k | q | ch・n・
Ce patron est peut-être l’un des plus intéressants que l’auteur ait été amené à découvrir ; car il témoigne de la conscience commune et collective d’une même ethnie d’appartenir à une même terre.
Le japonais a dérivé en 国 (くに | kuni) (pays) qui confirme cette appartenance à une même terre, quoiqu’il soit fort dommage que ce patron se soit effacé en langue sémitique et en coréen.
On sent qu’en arabe et hébreu, les mots pour la famille, les clans et les rassemblement s’en rapprochent : قَرِيب (qarīb) (proche), קָרוֹב (karóv) (proche), قَبِيلَة (qabīla) (tribu).
En coréen, le mot 놈 (nom | personne) qui est désormais fort impoli pourrait être la dérivation de ce mot ancestral.
Remarquons la prononciation locale similaire en anglais, français et en chinois.
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*kene | Transeurasien *kiune (gens, pays) | Indo-européen *ǵenh₁- (donner naissance) | Afroasiatique (?) | Austroasiatique *kwen (personne) | Transhimalayen *chin (親) (proche) et *k(r)on (眷) (parent) |
Proto-coréen-japonais *kuni | Proto-germanique *kunją | Proto-sémitique | Proto-thaï *ɢwɯn | Chinois archaïque *sʰin | *[tsʰ]i[n] (親) et *krons (眷) | |
Japonais | coréen archaïque *kuni | Anglais archaïque cynn | Racine arabe et hébreu | Chinois médiéval t͡sʰiɪn (親) et kˠiuᴇnH (眷) | ||
Japonais | coréen médiéval *kuni | Anglais médiéval kin | kyn | ken | kun | ||||
Japonais kuni (くに | 国) (pays) Coréen nom (놈 | personne) (?)) | Anglais kin, ken, gene (parent, proche, gene, gens) | Arabe Hébreu | Thaï คน (kon) (personne) | Chinois mandarin 親 [qīn] (proche) 眷 [juàn] (parent (soutenu)) À notre époque, on dit : 家人 [jiārén] 亲戚 [qīnqī] (proche) |
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IX) nom (d’une personne)
Boréen : *lamana (nom), patron : l・m・n・
Une nouvelle fois, la racine boréenne nous permet d’enquêter à la source même des mots, et le mot semble composé de *mana (homme) et de *la (je ; nous), un très ancien pronom pour désigner un ensemble de personnes dans lesquelles on s’inclut. Le mot *mana (homme) semble lui-même composé de *ma (moi) et *nǝ (toi), comme expliqué ci-après.
Nos ancêtres locuteurs du boréen, vivant au sein d’une société paléolithique, semblaient ainsi s’attribuer un nom entre personnes d’un même clan, abritant hommes et femmes : nous (toi et moi) avons un nom (car nous sommes de même origine). Cette coutume demeure désormais fossilisée à l’abri des regards dans toutes les langues du monde utilisant cette racine séculaire.
La racine transeurasienne semble très bien conservée et pourrait peut-être témoigner de ce nom réservé à certaines personnes importantes au sein d’un même clan paléolithique, telles les chamanes. Le mot coréen dérivé semble faire référence à autrui : nam (남) (autrui), mais autrefois « autrui portant un nom » (?).
Le mot est également fossilisé dans les mots japonais courants :
女 (おんな | onna) (femme) et 大人 (おとな | otona) (adulte).
おんな (onna) = お (suffixe de respect) + め (femme) + な (nom).
おとな (otona) = お (suffixe de respect) + と (homme) + な (nom).
Ces deux vocables semblent montrer que hommes et femmes se tenaient sur un même pied d’égalité au Japon et probablement dans la péninsule coréenne, jusqu’à l’arrivée des doctrines chinoises comme le confucianisme ou le daoïsme, purement paternalistes, rompant l’équilibre homme-femme.
La racine afroasiatique semble, quant à elle, avoir été contaminée par d’autres vocables ou inversée par métathèse puis modifiée localement.
Observons enfin que le thaï et le chinois inversent différemment les syllabes de la même racine.
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*lamana | Transeurasien *liomona (nom ; sort ; divination) | Indo-européen *h1no(h3)-mn̥ (nom) | Afroasiatique *sim (nom) | Austroasiatique *na(m) (nom) | Transhimalayen *miǝ̆ŋ (名) (nom) |
Proto-coréen-japonais *na(m) | Proto-germanique *namô | Proto-sémitique *šim- | Proto-thaï *nam | Chinois archaïque *meŋ (名) | |
Japonais | coréen archaïque *na et *nam | Anglais archaïque nama | noma | Racine arabe et hébreu اِسْم (ism) שֵׁם (šēm) | Chinois médiéval miᴇŋ (名) | ||
Japonais | coréen médiéval *na et *nam | Anglais médiéval name | nome | ||||
Japonais na (名 | な) (nom (quelqu’un)) onna, otona, okina À notre époque, on dit : 名前 (なまえ) Coréen nam (남) (nom d’) autrui) À notre époque, on dit : 이름, une création native de 이르다 (s’appeler ; parler) | Anglais name (nom) | Arabe اِسْم (ism) Hébreu שֵׁם (šēm) (nom) | Thaï นาม (naam) (nom) | Chinois mandarin 名 [míng] À notre époque, on dit : 名字 [míngzi] |
X) locatif (en, dans)
Boréen : *hen (dans, en), patron : h・n
Nous allons voir, avec ce patron, que même la grammaire des grandes familles de langues est liée depuis les langues boréennes, mais que chacune répond à sa manière locale à l’arrivée boréenne.
Cette transition inversée (métathèse) dans la phonétique des mots grammaticaux montre le changement opéré lors de la transition des langues boréennes vers les langues actuelles.
Les particules en japonais et coréen sont la réponse est-asiatique aux cas grammaticaux qu’il semblait y avoir en boréen et qui ont disparu en latin dans les langues italiques, mais qui demeurent en certaines langues germaniques.
En chinois, cependant, 於 assimilant tous les cas (locatif, datif), le patron semble avoir complètement disparu.
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*hen | Transeurasien *ne (particule de lieu (locatif)) | Indo-européen *hen (en, sur) | Afroasiatique *han (sur) | Austroasiatique *na(i) (dans) | Transhimalayen (?) |
Japonais ni (に) (particule “ni” locatif et datif) Coréen eun ; nun (은|는) (particule eun, nun (nominatif, locatif) | Anglais in, on (en, sur) | Arabe عَنْ (ʿan) (sur) ou عَلَى (ʿalā) (sur) Hébreu עַל (al) (sur) | Thaï ใน (nai) (dans) | Chinois (?) |
XI) lune
Boréen : *mera (lune ; mois), *talga (corps céleste), *lana (lune (cycle lunaire)), patrons : m・r・; t・lg・; l・n・
Comme nous l’avons déjà observé dans cet article, les grands astres comme la Lune et le Soleil revêtaient un sens tout particulier pour nos ancêtres. En témoigne la diversité des mots pour ces astres.
Le mot *talga (corps céleste) est par ailleurs très ancien et a désormais disparu en langue indo-européenne ; il reflète la scission linguistique de -30-40 000 entre les différentes langues boréennes eurasiatiques de l’ouest et de l’est.
Notons qu’en hébreu, l’étymon *mera (lune) a disparu au profit de *lana (lune (cycle lunaire)) : לְבָנָה (l’vaná) (lune), ou d’un autre associé aux années יָרֵחַ (yārḗaḥ) (mois ; lune).
Remarquons enfin que le thaï semble avoir été contaminé par d’autres racines, au vu de sa transformation radicale depuis sa racine *lana. Il en va de même pour le chinois.
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*mera *talga *lana | Transeurasien *tieolgu (lune) | Indo-européen *mēh- (mesure: moon, month) | Afroasiatique *qamera (lune) (épenthèse) | Austroasiatique *(b)lan (lune) | Transhimalayen *ŋwat (月) (lune) |
Proto-coréen-japonais *tokeol | Proto-germanique *mēnô | Proto-sémitique *qamara | Proto-thaï *ɓlɯən | Chinois archaïque *ŋod | *[ŋ]ʷat (月) | |
Japonais | coréen archaïque *tukui et *tar | Anglais archaïque mōna | Racine arabe et hébreu اِق م ر (q-m-r) | Chinois médiéval *ŋʉɐt̚ (月) | ||
Japonais | coréen médiéval *tuki et *tal | Anglais médiéval mone | ||||
Japonais tsuki (つき|月) (lune ; mois) Coréen dal (달) (lune ; mois) | Anglais moon (lune) | Arabe قَمَر (qamar) (lune) Hébreu | Thaï เดือน (deuan) (mois ; lune) | Chinois mandarin 月 [yuè] (lune) À notre époque, on dit : 月亮 [yuèliang] |
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XII) tôt
Boréen : *hera (tôt (dans l’année)), patron : h | b | p・r・
Ce patron semble indiquer qu’il s’agit d’une période précoce de l’année, dont le sens s’est perdu pour signifier « tôt » uniquement.
La première partie du patron tend à se perdre en boréen eurasiatique (indo-européen et transeurasien), qui se ressemblent fortement mais de manière locale.
Remarquons que ce patron s’est perdu en japonais au profit d’un autre et qu’en afroasiatique il suit un chemin qui lui est tout à fait propre.
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*hera | Transeurasien *ere (tôt) (perte initiale) | Indo-européen *h₂éyeri (petit matin) | Afroasiatique *bekur(a) (petit matin) (épenthèse) | Austroasiatique *pera (petit matin) | Transhimalayen *tsuw | *tsew (早) (petit matin) |
Proto-coréen-japonais *iri | Proto-germanique *airiz | *airi | Proto-sémitique *bekura | Proto-thaï *praao | Chinois archaïque /*Nə.tsˤuʔ/ | /*ʔsuːʔ/ (早) | |
Japonais | coréen archaïque *ireu(da) | Anglais archaïque ǣrlīċe | ārlīċe | Racine arabe et hébreu ر ك ب (b-k-r) ר ק ב (b-k-r) | Chinois médiéval /t͡sɑuX/ (早) | ||
Japonais | coréen médiéval *ireu(da) | Anglais médiéval erly | erli | ||||
Japonais (?) Coréen ireuda (이르다) (tôt) | Anglais early (tôt) | Arabe بَاكِرًا (bākiran) (tôt) Hébreu בֹּקֶר (boker) (matin), utilisé dans les salutations | Thaï เพรา (prao) (matin (soutenu)) On utilise plutôt l’étymon suivant à notre époque. | Chinois mandarin 早 [zǎo] (matin ; tôt) À notre époque, on dit : 早上 [zǎoshang] |
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XIII) aurore, petit matin
Boréen : *həcha (aurore ; petit matin), patron : h・ch | s・
Ce patron s’est très bien conservé localement dans les grandes familles de langues. Notons qu’afroasiatique il est inversé par métathèse, le camouflant aux yeux non avertis.
Remarquons également qu’en thaï et chinois il est plus naturel d’utiliser à notre époque une racine et pas l’autre.
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*həcha | Transeurasien *echa (matin) (perte initiale) | Indo-européen *h₂ews- (aube, est) | Afroasiatique *sheha (métathèse) (petit matin) | Austroasiatique *saw (petit matin) | Transhimalayen *(t)raw (朝) (matin) |
Proto-coréen-japonais *àchám | Proto-italique *auzōs | Proto-sémitique *shaha | Proto-thaï *ɟaːwᶜ | Chinois archaïque *ʔr’ew | *t<r>aw/ (朝) | |
Japonais | coréen archaïque *àsà (perte finale) et *àchắm | Latin aurōra | Racine arabe et hébreu ح ب ص (ṣ-b-ḥ) ר ח ש (sh-h-r) | Chinois médiéval *ʈˠiᴇu | *ɖˠiᴇu (朝) | ||
Japonais | coréen médiéval *àsà et *àčhắm | |||||
Japonais asa (あさ | 朝) (matin) Coréen achim (아침) (matin) | Anglais aurora, east | Arabe صَباح (sabah) (matin) Hébreu שַׁחַר (shakhar) (aurore (soutenu)) | Thaï เช้า (cháao) (matin) | Chinois mandarin 朝 [cháo] [zhāo] À notre époque, on utilise plutôt le sinogramme précédent. |
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XIV) mentir (tromper par la parole)
Boréen : *tela (tromper), *huluga (mentir ; tromper), patrons : t | d・l | r・et h | b・l・g | k・
Ces patrons doivent se comparer aux mots pour la parole, car ils démontrent que « mentir » signifie originellement « tromper par la parole ».
Comparons ces mots boréens exprimant tous une forme de parole avec les deux mots ci-dessus : *hela (parler), *kala (parler), *hewa (parler),*tera (maudire)
Remarquons qu’en langues austroasiatique et afroasiatique, le deuxième patron est diamétralement inversé et adapté de manière locale, le rendant difficilement observable ; il témoigne toutefois bel et bien de la transition SVO à VSO, renversant de la sorte un grand nombre de mots.
L’arabe et l’hébreu ont chacun opéré une transition qui leur est propre, quoique l’hébreu semble probablement contaminé par une autre racine au sens apparenté.
Nous analyserons principalement *huluga (mentir ; tromper), le plus intéressant des deux.
Il semble malheureusement perdu en coréen, mais les mots dialectaux 구라 (kura) ou encore 노가리 (nogari) (mensonge) en témoignent encore. En thaï, les mots issus de ce patron sont foisonnants.
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*huluga | Transeurasien *uluka (perte initiale) (mentir ; tromper) | Indo-européen *lewgʰ- (perte initiale) (mentir) | Afroasiatique *keleba (métathèse complète) (mentir) | Austroasiatique *kuhu(k) (métathèse) *ku *lug (mentir) | Transhimalayen *kre (欺) (duper) |
Proto-coréen-japonais *ura | Proto-germanique *leuganą | Proto-sémitique *kedeba | Proto-thaï *kohok *ku(n) *lok | Chinois archaïque *kʰɯ | *kʰ(r)ə (欺) | |
Japonais | coréen archaïque *uso | Anglais archaïque lēogan | Racine arabe et hébreu ب ذ ك (k-ḏ-b) ש ק ר (sh-k-r) | Chinois médiéval *kʰɨ (欺) | ||
Japonais | coréen médiéval *uso | Anglais médiéval lien | ||||
Japonais uso (うそ | 嘘) (mensonge) Coréen cf. mots ci-dessus | Anglais to lie (mentir) | Arabe كَذَبَ (kaḏaba) (mentir) Hébreu שיקר \ שִׁקֵּר (shikér) (mentir) | Thaï โกหก (goh-hòk) (mentir) โกง gohng (tricher ; tromper) หลอก lòk (tromper) กล gon (ruse) กุ gù (mensonge) | Chinois mandarin 欺 [qī] (tromper ; duper) À notre époque, on dit : 欺骗 [qīpiàn] (tromper ; arnaquer) |
XV) eau
Boréen : *mawa (mer), *weta (eau (de mer)), patrons : m・w | r・ et w・t・
En boréen, il existe de nombreux mots exprimant l’eau que nous avons déjà observés dans cet article : *lakwa (lac), *kahna (eau (lac)), *hagara (?) (corps aqueux),*huwa (flux d’eau), *mawa (mer), *weta (eau (de mer)), dont la partie *(k)wa semble désigner l’eau.
Nous analyserons ici *mawa (mer), *weta (eau (de mer)), les plus récurrents et réguliers.
Le thaï est très spécial, et semble, à l’instar de l’austronésien *daɬum | *danom (eau), une fusion entre les deux étymons ci-dessus à la mode austroasiatique : *mawa + *weta = tana < dana < danom.
Ou bien il s’agirait plutôt d’une inversion par métathèse de *weta (eau (de mer)), hypothèse la plus probable car cet étymon est aussi partagé avec le chinois, qui est très proche des langues austroasiatiques : *weta devient ainsi *tawa < *dama < *danom. Le maori, une langue austronésienne native de la Nouvelle-Zélande, utilisant *mawa pour le mot « moana » (mer ; océan) dont le « w » de la racine dérive en « n », on peut accorder grand crédit à la supposition ci-dessus.
Boréen | Japonais, coréen | Anglais | Arabe, hébreu | Thaï | Chinois |
*mawa *weta | Transeurasien *miuri (water) | Indo-européen *wódr̥ (eau) et *móri (lieu aqueux) | Afroasiatique *maʔ- (eau) | Austroasiatique *(da)nam (métathèse) (eau) | Transhimalayen *tujH | *tsju (水) (eau) |
Proto-coréen-japonais *meolu | Proto-germanique *watōr et *mari | Proto-sémitique *māy- | Proto-thaï *nam | Chinois archaïque *tsjui (水) | |
Japonais | coréen archaïque *mijtu et *meul | Anglais archaïque wæter et mere | Racine arabe et hébreu مَاء (māʾ) מַיִם (máyim) | Chinois médiéval *sui (水) | ||
Japonais | coréen médiéval *miduet et *meul | Anglais médiéval water et mere | ||||
Japonais mizu (みず | 水) (eau) Coréen mul (물) (eau) | Anglais water (eau) et mere (mer (littéraire)) | Arabe مَاء (māʾ) (eau) Hébreu מַיִם (máyim) (eau) | Thaï น้ำ (náam) (eau) | Chinois mandarin 水 [shuǐ] (eau) |
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Dix patrons typiques du chinois
Ainsi que précédemment observé, les locuteurs du transhimalayen, les ancêtres de nombreuses langues des régions de l’Himalaya, ne conservent qu’une syllabe d’un vocable boréen ancestral pour le nativiser en leur langue. Cela résulte probablement du choc culturel entre les locuteurs Homo sapiens des langues boréennes (SVO) qui se sont mélangés aux locuteurs de langues natives à l’Asie de l’Est (SOV) parlées plusieurs centaines de milliers d’années avant cela.
Pour donner un exemple concret, imaginons que ces locuteurs avaient entendu le mot « téléviseur », ils en auraient « seur » qui se serait petit à petit transformé en *ser, *sre, sè. Le mot est méconnaissable pour un œil non averti, mais pour un local il possède tout son sens. Activer sa conscience locale semble donc primordial pour réellement comprendre les mots que l’on apprend.
Pour assimiler la langue chinoise avec sens et conscience, il faut par conséquent penser localement : enlever la syllabe (élision) de presque chaque mot ou parfois retourner les syllabes des mots (métathèse).
Boréen | Transhimalayen | Chinois archaïque | Chinois médiéval | Chinois mandarin |
*kera (vendre ; troquer) donne aussi « cheap » | *kra(h) (賈) (vendre) | *klaːʔ (賈) | *kuoX (賈) | 賈 | 贾 [gǔ] À notre époque, on utilise plutôt : 卖 | 賣 [mài] (vendre), l’opposé du sinogramme ci-dessous |
*meraka (échanger, troquer) donne aussi « marché » | *mreh (買) (acheter) | *mreːʔ |*mˤrajʔ (買) | *mˠɛX (買) | 買 | 买 [mǎi] (acheter) |
*kepa (air ; vapeur) donne aussi « vapeur » | *kǝj | *qəp (氣) (vapeur, air) | *kʰɯds | *C.qʰəp-s (氣) | *kʰɨiH (氣) | 氣 | 气 [qì] À notre époque, l’on utilise dans : 蒸汽 [zhēngqì] (vapeur) 空气 [kōngqì] (air) |
*treka (droit) donne aussi « right » | *t(r)ǝ̆k (直) (droit) | *dɯɡ | *N-t<r>ək (直) | *ɖɨk̚ (直) | 直 [zhí] À notre époque, on dit plutôt : 正直 [zhèngzhí] (droit) |
*haka (voir ; œil) donne aussi « œil » ou « oculaire » | *ken | *qen (見) (voir) | *[k]ˤen-s | *keːns (見) | *kenH (見) | 見 | 见 [jiàn] À notre époque, on dit plutôt : 看(见) [kàn(jiàn)] (voir ; apercevoir) |
*leka (pleurer ; larme) donne aussi « larme » ou « lacrima » | *khrǝ̆p (泣) (pleurer) | *kʰrɯb|*k-r̥əp (泣) | *kʰˠiɪp̚ (泣) | 泣 [qì] À notre époque on dit plutôt : 哭(泣) [kū(qì)] (pleurer) |
*lapa (feuille) donne aussi « leaf » | *lap (葉) (feuille) | *leb | *l[a]p (葉) | *jiᴇp̚ (葉) | 葉 | 叶 [yè] À notre époque, on dit plutôt : 叶子 [yèzi] (feuille) |
*lepa (papillon) donne aussi « lépidoptère » et « papillon » par redoublement | *lēp (蝶) (papillon) | *l’eːb | *lˤep/ (蝶) | *dep̚ (蝶) | 蝶 [dié] À notre époque, on dit plutôt : 蝴蝶 [húdié] (papillon) |
*peda (traverser une étendue d’eau) donne aussi « gué » et « to wade » | *da(t) (渡) (traverser) | *daːɡs | *[d]ˤak-s (渡) | *duoH (渡) | 渡 [dù] |
*humaga ((grande) terre) donne aussi « earth », « soil », « plain », « field » | *(m)ƛă(j) (地) (terre ; sol) | *l’els | *[l]ˤej-s (地) | *diɪH (地) | 地 [dì] À notre époque, on dit plutôt : 地上 [dìshàng] (sur le) sol |
Dix patrons typiques du coréen et japonais
Ainsi que nous l’avons d’ores et déjà découvert, le transeurasien, soit l’ancêtre du turc, mongol, des langues toungouses et du japonais et coréen, possédait une logique diamétralement opposée aux langues indo-européennes et vice versa.
Les mots sont de ce fait très souvent retournés par inversion de syllabes (métathèse), ils perdent leurs premières consonnes (perte initiale) et sont plus rarement ajoutés de syllabes (épenthèse). Toute personne souhaitant comprendre la logique transeurasienne et parler l’une des langues descendantes devra par conséquent se retourner l’esprit et penser différemment.
Observons les dix exemples ci-dessous :
Boréen | Transeurasien | Proto-coréen-japonais | Coréen | japonais archaïque | Coréen | japonais médiéval | Coréen | japonais |
*maka (moisissure ; mucus) donne aussi « mould », « moisi » | *kompe (métathèse) « pe » est un suffixe | *kweompi | *kampui *komphui | *kabwi *kompui | kabi (かび | 黴) (moisissure) keompangi (곰팡이) (moisissure) |
*mowa (se mouvoir) donne aussi « mouvoir » et « move » | *iomke (métathèse) « ke » est un suffixe | *umgeok | *ugwok(u) *umjiki(da) | *ugoku *umjikida | ugoku (うごく | 動く) (bouger) umjikida (움직이다) (bouger) |
*lakwa (lac) donne aussi « lac » et « lake » | *koli (métathèse) | *karam | *karam | *karam | karam (가람) (lac ; rivière) (perdu en japonais) |
*nǝka ((sombre comme la) nuit) donne aussi « nuit » et « night » | *panek ((s)ombre) (épenthèse) | *peomeok | *pam *pweonweoka | *pam *fonoka | bam (밤) (nuit) honoka (ほのか) (sombre) |
*paraka (peur ; être effrayé) donne aussi « fear » | *kopa | *kepa (métathèse) | *kopwa | *kopa | *kofa | kowai (こわい | 怖い) (avoir peur) |
*kopa (rassembler) donne aussi « happen » | *eba (perte initiale) | *apu | *apu *aboru | *afu *aoru(da | au (会う|あう) (rencontrer) (合う|あう) (convenir) aouruda 아우르다 (rejoindre ; réunir) |
*hota (chaud) donne aussi « hot » et « chaud » | *ota (perte initiale) | *(a)ta | *atui *tasteut | *atui *tatteut heuda | atsui (あつい | 熱い | 暑い) (chaud) ddatut hada (따뜻하다) (chaud) |
*mana (penser) donne aussi « mind » et « mental » | *ena (perte initiale) | *emeop | *omopu *nyeomo(da) | *omofu *nyeogeuda | omou (おもう|思う) (penser) yeogida (여기다) (penser) |
*kera (écaille) donne aussi « scale » et « écaille » | *eru(ke) (métathèse) | *ureke | *uroko | *uroko | uroko (うろこ | 鱗) (écaille) (perdu en coréen) |
*peka | *paka (colline ; tertre (au bord de l’eau)) donne aussi « hill » et « colline » | *uke (perte initiale) | *(b)uka | *woka | *woka | oka (おか | 丘) (colline) (perdu en coréen) |
Note : certains mots en japonais et coréen archaïque et médiéval semblent déjà ressembler à leur forme moderne, mais leur accent était fort différent du présent, comme nous allons l’observer plus en avant du texte.
Dix patrons typiques du thaï
Les langues austroasiatiques comme le thaï sont très similaires aux langues transhimalayennes avec lesquelles elles ont toujours partagé une logique similaire, car issues du même ancêtre commun.
Nous allons observer en l’occurrence dix patrons typiques de mots basiques du thaï ; plus loin, nous comparerons également des vocables de notre époque suivant une même logique que celle du chinois.
Boréen | Austroasiatique | Proto-thaï | Thaï |
*pera (loin) donne aussi « far » | *rai | *krai | ไกล (glai) (loin) |
*tanga (penser ; savoir) donne aussi « think » | *gat | *git | คิด (kít) (penser) |
*tura (tourner) donne aussi « tour » et « turn » | *traw | *rieow | เลี้ยว (líeow) (tourner) |
*kepa | *keta (graver (écrire)) donne aussi « graver », « carve », et « écrire » | *ker | *ken | เขียน (kĭan) (écrire) |
*kǝma (venir) donne aussi « come », « go », « aller », « venir » | *hma | *(h)ma | มา (maa) (venir) |
*sera (small) donne aussi « small » | *rak | *rek | เล็ก (lék) (petit) |
*leka (membre (main, jambe)) donne aussi « leg » | *rqa | *qa | ขา (kăa) (jambe) |
*paku (to cook) donne aussi « cuire » et « cook » | *gru | *kru(a) | ครัว (krua) (cuisine(r)) |
*kera (vendre ; troquer) donne aussi « cheap » | *kra | *kraa(i) | ขาย (kăai) (acheter) |
*kopa (rassembler) donne aussi “happen” | *kpa | *pop | พบ (póp) (rencontrer ; trouver) |
Note : la plupart des nombreuses racines faisant référence à une gravure ou un grattement commencent par « ka(r) », le bruit du grattement lui-même « krr krr », elles se sont très probablement entre-contaminées. Il en va de même pour les racines des membres du corps comme les mains ou les jambes.
Observons également l’évolution similaire des mots « chien » et « venir » en thaï, dans lesquels le « k » boréen se transforme en « h » à l’instar de l’anglais puis se perd. Les tons les différenciant à présent.
Dix patrons typiques de l’hébreu et l’arabe
L’hébreu et l’arabe furent autrefois très probablement une même langue qui se sépara dès le proto-sémitique.
La transition des langues boréennes (SVO) aux langues afroasiatiques (VSO) a dû provoquer un choc de culture considérable car les mots ont été bouleversés dans leur essence même ; ainsi les locuteurs de l’afroasiatique ont-ils ajouté des syllabes (épenthèse) ou bien les ont-ils tout simplement inversées (métathèse).
Nous avons déjà observé ci-dessus de nombreux patrons répondant à ces critères, mais nous allons en examiner d’autres ici, tout aussi typiques :
Boréen | Afroasiatique | Proto-sémitique | Racine arabe | hébreu | Arabe | Hébreu |
*məra (evening, dark) donne aussi “mulberry” ou mûre” (mot fort ancien) | *zarem(ə) (épenthèse et métathèse) | *zarem | ظ ل م (ẓ-l-m) | ظَلَام (ẓalām) (ténèbres) (perdu en hébreu ?) |
*zawa (soleil ; aube) donne aussi « sun » et « soleil » | *sama(sh) | *śamš- | ش م س (sh-m-s) שמש (sh-m-s) | شَمْس (shams) (soleil) שֶׁמֶשׁ (shémeš, shémesh) (soleil) |
*sawa donne aussi « ciel » et « sky » | *sama(h) | *šamāy- | سماء (s-m-a(h)) שמים (sh-m-m) | سَماء (samāʼ) שָׁמַיִם (šāmáyim) (ciel) |
*pere (bord) donne aussi « périmètre » et « bord » | *refe (métathèse) | *hefe | ح و ف (ḥ-w-f) | حَافَة (ḥāfa) (bord) (perdu en hébreu ?) |
*leka (membre (main ; jambe)) donne aussi « leg » | *regl | *rigl- | ر ج ل (r-j-l) רגל (r-g-l) | رِجْل (rijl) (jambe) רֶגֶל (regel) (jambe) |
*kela (tuer) donne aussi « kill » | *qetel (épenthèse) | *qetal | ق ت ل (q-t-l) ק־ט־ל (q-T-l) | قَتَلَ (qatala) קָטַל (katál) (tuer) |
*pare (bourgeon ; fleur) donne aussi « bloom », « flower » et « fleur » | *zahera (épenthèse) *fareka (épenthèse) | *zahara *faraka | ز ه ر (z-h-r) ف ر خ (f-r-ḵ) פרח (p-r-h) | زَهْر (zahr) (fleur) فَرْخ (farḵ) (jeune pousse) פָּרַח (parákh) (fleur) |
*kala (parler ; appeler) donne aussi « call » | *kalama (épenthèse) | *kalama | ك ل م (k-l-m) | كَلَّمَ (kallama) (parler) (perdu en hébreu ?) |
*sala (salt) donne « sel » dans de très nombreuses langues | *hmal(a) (épenthèse avec corruption des consonnes) | *milḥ- | ملح (m-l-r) מלוח (m-l-kh) | مَالِح (māliḥ) מָלוּחַ (malúakh) (sel) |
*tera(s) (sol ; terre) donne aussi « terre » | *terab(a) (épenthèse) *arst (métathèse) | *taraba *ʔarṣ́- | أرض (a-r-d) | تُرَاب (turāb) (terre, sol) أَرْض (ʾarḍ) אֶרֶץ (‘éretz) (Terre ; terre) |
Note : constatons l’intéressant doublon de « fleur » et « jeune pousse » avec un ajout de syllabe en début et fin de mot. Mais aussi le dernier concernant la terre.
Observons également qu’en langue sémitique on ajoute fréquemment un « (s)h » final, comme pour palier un manque, probablement dû à la transition entre les langues boréennes et afroasiatiques.
L’origine des accents toniques en japonais et coréen
Lorsqu’il s’est opéré la transition entre langues boréennes et transeurasiennes, probablement lors de la rencontre de différentes espèces du genre homo (Dénisovien, Néandertal) avec Homo sapiens, de nombreux mots se sont transformés : inversions de syllabes (métathèse), ajouts de syllabes (épenthèse), mais surtout pertes de consonnes finales et initiales. Il faudra ajouter à cela la probable influence du climat humide et chaud, qui joue, à très long terme, sur l’apparition d’un accent ou d’un ton dans une langue, à l’instar des tons du chinois.
Nous observerons qu’à chaque transformation de mot, l’accent tonique d’un mot se crée ou s’altère en transeurasien, puis en japonais et coréen.
Les mots « fleur » et « nez » (hana) semblent quant à eux se distinguer naturellement, sans perte de consonne ni altération du mot, car l’un semble provenir de l’autre. La distinction semble donc inconsciente : on sent une fleur avec son nez et crée un mot qui y et lié. L’accent semble se créer inconsciemment pour permettre de distinguer les deux mots.
Il en va de même pour « mer » et « pus » (umi), deux liquides que l’on discrimine par l’accent.
Enfin, nous savons désormais que la gamme phonétique d’Homo sapiens est limitée et que certains mots se ressemblent parfois sans liens apparents, mais que les raisons sus-mentionnées permettent désormais de les distinguer.
En coréen, cet accent a désormais presque totalement disparu, mais il subsiste dans certains mots que l’on doit supposément distinguer par un son long ou court, à l’instar de « pâte » et « patte » en français :
말 (mal | cheval) et 말: (mâl | mot ; langue)
눈 (nun | œil) et 눈: (nûn | neige)
밤 (bam | nuit) et 밤: (bâm | marron)
Boréen | Transeurasien | Proto-coréen-japonais | Japonais, coréen archaïque | Japonais, coréen médiéval | Japonais, coréen moderne |
1) *gawa (invoquer, appeler) donne aussi « god » | *kiằmò (divinité ; esprit) | *kàmùi | kàmì | *kàmì | Tokyo : kámi Kyôto : kamì (かみ | 神) (dieu) |
1bis) *kampa (cheveu ; tête) donne aussi « cheveu » | *ki̯amp`a | *kàm(p)á (perte finale) | *kàmjí & *kàmá | *kàmí & *kàmá | Tokyo : kamì Kyôto : kámi (かみ | 髪) (cheveux) kama (가마) (chignon) |
2) *kapa (tortue) | *ki̯ap`a | *kàmpyé | *kàm(p)é & *kǝ̀púp | *kàmè (perte finale) & *kǝ̀púp | Tokyo : káme Kyôto : kamè (かめ | 亀 | 龜) (tortue) keobugi (거북이) (tortue) |
3) *jamu (grand flux d’eau) donne aussi « océan » | *ā̀mú (grand flux d’eau) (perte initiale) | *ùmí & *òmí | *ùmjí & *òmí | *ùmí & *òmí | Tokyo : úmi Kyôto : umì (うみ| 海) (mer ; océan) omi (오미) (fosse d’eau) |
3 bis) doublon de *maka (mould; mucus) (?) donne aussi « mousse » et « mould » | *ńi̯ū̀ŋńù (mucus, excrément) muka->nunga ->niungu | *mùmì & *nún(da) | *ùmjì & *nú(n)(da) | *ùmì & *nú(da) | Tokyo : umì Kyôto : úmi (うみ | 膿) (pus) nuda (누다) (déféquer) |
4) *paha (pleuvoir) | *p`i̯ằge (pleuvoir) ou *ŋăńa (ciel éclairci) | *àmpyé (épenthèse) | * àmè (?) (perte finale) & *pyé | *àmè & *pí | Tokyo : áme Kyôto : amè (あめ | 雨) (pluie) pi (비) (pluie) |
5) *panga (bud; flower) donne aussi « bud » et « bourgeon » | *pòŋa (bourgeon ; fleur) | *pòngà | *pànà & *pòŋ’ori | *fànà & *pòŋ’ori | Tokyo : hanà Kyôto : hána (はな | 花) (fleur) bongori (봉오리) (bourgeon) |
5 bis) *puna (nez) Bonne odeur = fleur ? donne aussi « nez » et « pneumonie » | *p`úńe (odeur ; nez) (possible épenthèse d’une racine du « nez ») Accent distinctif de « fleur » | *páná | *páná | *fáná | Tokyo : hàna Kyoto : háná (はな | 鼻) (nez) |
6) *hekwa (corps aqueux (rivière, baie)) donne aussi « eau » et « aqua » | *k`ébà (rivière ; baie) (métathèse) | *képà | *kápà & *kébì donnant *kái | *káfà & *kái | Tokyo : kawà Kyôto : káwa (かわ | 川) (rivière) kae (개) (estran) |
6 bis) *pako (écorce ; peau) donne aussi « bark » | *k`ā́p`à (écorce ; peau) (métathèse) | *kàpà | *kàpà & *kǝ̀p | *kàfà & *kǝ̀p | Tokyo : kawà Kyôto : káwa (かわ| 皮 | 革) (cuir, peau) kkeopjil (껍질, 껍데기) (peau ; pelure) |
7) *tupa (écume) donne aussi « foam » et « écume » | *(t)ū̀jbà (écume) (perte initiale) | *àwà | *àwà | *àwà | Tokyo : awà Kyôto : áwa (あわ | 泡) (écume) |
7 bis) *harpa (millet) (Mot d’origine non transeurasienne) | *àrp`á (millet) (perte initiale) | *àpá | *àpá | *àfá | Tokyo : áwa Kyoto : awà (あわ | 粟) (millet) |
8) *pata (pied, marcher) (imitation du bruit de la marche comme en japonais ぱたぱた (pata pata) (bruit de pieds qui marchent)) donne aussi « foot » et « pied » | *pằlgà (pied) | *pálí | *(p)ásí & *pál | *àsí (perte initiale) & pál | Tokyo : ashì Kyôto : áshi (あし | 足) (pied) pal (발) (pied) |
8 bis) *wela (plante fibreuse) | *oĺa (plante fibreuse : jonc, roseau) (perte initiale) | *ásí (roseau) | *ásí | *ásí | Tokyo : áshi Kyôto : ashì (あし | 葦) (roseau) |
9) *həcha (aurore, petit matin) donne aussi « east » et « aurore » | *écha (matin) (perte initiale) | *àchám | *àsà (perte finale) & *àchắm | *àsà & *àčhắm | Tokyo : ása Kyôto : asà (demi ton) (あさ|朝) (matin) achim (아침) (matin) |
9 bis) *sana (chanvre) inversion de *wela (?) donne aussi « chanvre » | *súme venant de *oĺa (?) (plante fibreuse : jonc, roseau) Par tabou de la plante, le mot est inversé (métathèse). Le mot semble non transeurasien. | *àsám | *àsà (perte finale) & *sàm | *àsà & *sàm | Tokyo : asà Kyôto : asà (あさ | 麻) (chanvre) sam (삼) (chanvre) |
10) pont *tepa (avancer) (?) | *pi̯ósò (escalier, marche) opposé (métathèse) de *tepa (avancer) qui donne « step » | *pásì | *pásì | *fásì | Tokyo : hashì Kyôto : háshi (はし | 橋) (pont) |
10 bis) *peru (bord, extrémité) donne ausi « périmètre » et « bord » | *pūsa (bord, extérieur) (l’un des mots dérivés de cet étymon boréen) | *páskí | *pásí & *pàsk | *fásí & *pà(s)k | Tokyo : hashí Kyôto : hashí (accent plat) (はし | 端) (bord) bakk (밖) (dehors) |
Les littérateurs et chercheurs du passé ne possédaient pas la technologie actuelle pour déterminer l’exactitude de leurs propos souvent avérés ; ils utilisaient par conséquent principalement leur esprit pour réfléchir et trouver des réponses, un outil fort utile que notre siècle tend à oublier.
Ainsi Frederik Kortlandt écrivit en 1993, dans la conclusion de ’’The Origin of the Japanese and Korean Accent Systems’’ :
“”[…] What is the origin of the Koreo-Japanese High and Low pitch accents? It has been suggested that they may be compared with the Turkic and Mongolian primary long vowels. The comparative value of the latter can only be assessed when the nature of the glottalized and aspirated vowels in the languages of the Altaic heartland will have been properly investigated. It seems probable to me that there may have been a relation between the pitch accent and the original consonant structure of the morphemes, as is usually the case with pitch accent systems. This offers us another parallel with Proto-Indo-European (cf. Kortlandt 1986 and Lubotsky 1988). The question of whether or not this parallel is a result of genetic relationship remains to be answered. A detailed comparison of the reconstructed systems is needed before we can pass judgment on the hypothesis of a single Eurasian (Indo-Uralo-Altaic) language family which stretches all the way from Iceland to the Ryukyu islands.””
Cet homme avait tout compris, il y a trente ans de cela. Cette conclusion dénote également le grand retard de la linguistique de notre époque, poussiéreuse et poussive ! La vision limitée des chercheurs ne pouvant s’émanciper de leur pensée locale jouant un rôle terrible dans ce retard.
Les mots secrets
Découvrez aussi de nombreux secrets du langage dans cet article.
I) L’origine du mot « humain »
Ici, nous allons découvrir le secret qui se cache derrière les mots « humain » et « homme ».
Il s’agit en fait de deux mots boréens composés et fossilisés les uns dans les autres : *mane (homme ; personne) (qui donne « man ») + *hema (mère) (qui donne « maman ; mother ») ou *kane (femme adulte) (qui donne « queen »).
*he(ma) | *ka(ne) + *man(e) = *ǵʰmṓ qui signifie « humain » ou « homme » en indo-européen.
Le mot boréen *mana (homme ; personne) lui-même semble composé de *ma (moi) et *nǝ (toi). Quant à *hema (mère), il semble composé de *hi (ce(ci)) et *ma (tu ; toi (femme)), et *kane de *ka (ce(ci)) et *nǝ (tu ; toi (femme)).
Nos ancêtres semblaient ainsi avoir pleine conscience de ce que les hommes et les femmes formaient l’humanité ; ils ont donc employé ces deux vocables pour créer un mot nouveau les désignant dans son ensemble, mais seulement à moyenne ancestralité en indo-européen. L’ancien mot indo-européen pour la terre *dʰéǵʰōm qui donne « humus » semble désigner de manière archaïque l’endroit où vivaient ces femmes et ces hommes du passé.
Les lecteurs découvriront ci-dessous une correspondance entre les différents pronoms pour désigner les femmes et les hommes mais aussi « ceci » et « cela ». Il semble assez logique que nos ancêtres aient clivé de la sorte les genres humains, les associant à ce qui était proche et loin d’eux.
L’homme semble avoir le pouvoir au sein de la société archaïque et est donc désigné par un pronom de proximité : moi, homme, ceci. Tandis que la femme semble plus éloignée et opposée à l’homme : toi, femme, cela. Cela s’observe encore dans la langue arabe, et en thaï.
Dans le tableau ci-dessous, il est normal que toutes les cases ne soient pas remplies car il serait fort complexe de posséder une dizaine de pronoms personnels et démonstratifs pour expliquer la même chose dans une même langue ; nous pouvons en revanche observer dans quelle partie du monde on employait tel ou tel pronom.
Voici l’ordre probable de création des mots ci-dessous :
je ; moi >< tu ; toi → homme >< femme → ceci >< cela → qui, quoi
II) Un mot « main » fossilisé
Comme nous allons l’observer plus en avant du texte, les mots eurasiatiques se ressemblent au moins depuis 40 000 ans. Il existe de ce fait des reliques fossilisées dans certains mots, dont personne ne soupçonne l’existence.
Dans la langue coréenne, 만들다 (mandulda | fabriquer) et 만지다 (manjida | toucher) contiennent tous deux le préfixe 만 (man), de même origine que le mot « main » en français. Ces mots indiquent ainsi une action de la main, le reste étant un suffixe verbal.
III) Pont : « le bois haut«
Le mot 桥 | 橋 [qiáo] en chinois signifie « pont », et se compose de 木 (bois) et de 喬 (haut ; élevé), de même sens que 高 [gāo] (haut ; élevé). 桥 | 橋 se prononçait *graw en chinois archaïque, et signifie donc littéralement le « bois haut ».
Les lecteurs attentifs auront remarqué que 高 [gāo] est une prononciation locale chinoise du mot « haut » et vice versa, tous deux provenant du boréen *huka (haut).
IV) Un miel voyageur
Le mot 蜜 [mì] (miel), comme maints autres, donne la réponse dans sa traduction. Le mot « miel » provient en effet de *médʰu ou *mélit, reflétant le miel ou sa douceur, que les locuteurs du Transhimalayen auront entendu et dont ils auront gardé la première syllabe. 蜜 (miel) se prononçait *mit en chinois archaïque, un mot venant d’ailleurs.
L’origine de l’apiculture se doit probablement trouver en Afrique du Nord ou au Croissant Fertile et est corrélée au développement de l’agriculture ; elle s’est par la suite transmise depuis son berceau jusqu’aux confins des montagnes de himalayennes.
V) Fin et début de l’année
Observons l’évolution des quatre mots ci-dessous ainsi que leurs formes anciennes :
春 (printemps) | 冬 (hiver) | 终 | 終 (fin) | End (fin) |
Transhimalayen *tung | *trong | *tong | Indo-européen *h₂ent- |
Chinois archaïque /*tʰun/ ![]() ![]() | /*tˤuŋ/![]() ![]() | /*tuŋ/ | Proto-germanique *andijaz |
Chinois médiéval /t͡ɕʰiuɪn/ ![]() | /tuoŋ/![]() | /t͡ɕɨuŋ/![]() | Anglais archaïque ende |
Chinois mandarin 春 [chūn] | 冬 [dōng] | 终 [zhōng] | Anglais end (fin) |
Dans les formes anciennes de 春 (printemps), on observe de jeunes pousses qui sortent du sol le printemps venu, baignant dans les rayons du soleil ; dans celles de 冬 (hiver), on observe deux points et deux cordes, soit les deux parties commençant et terminant une année, le printemps (春) et l’hiver (冬).
Ainsi, le mot 終 (fin), semble une adaptation locale de « end » (fin) par inversion de syllabes (et vice versa), qui a donné le mot 冬 (hiver), dont 春 (printemps) est l’opposé. Remarquons enfin que les trois sinogrammes sont de graphies, syllabes et tons similaires.
VI) sombre, ombre
À l’instar de « vinaigre » contenant « vin » et « aigre » désormais fusionnés en un seul vocable, « sombre » contient « ombre ». Le mot « ombre » provient le plus anciennement du boréen *hama | *hema (sombre).
VII) mer, mère
Observons l’évolution de ces deux mots qui se ressemblent fortement en français, à très faible ancestralité. Depuis leurs prémices en boréen, ils semblent toujours avoir été liés : la mer étant la mère de toutes les eaux.
Boréen | Indo-européen | Proto-italique | Latin | Français archaïque | Français médiéval | Français |
*mawa | *mer- | *móri | *mari | mare | mer | mer | mer |
*hama | *am-a-, *am- (amour (maternel) ou *méh₂tēr (mère) | *mātēr | mater | matrem | medre | mere | mere | mère |
Depuis le boréen, ces deux mots sont ainsi intimement liés, et *mawa (mer) semble être l’inversion (métathèse) de *hama (mère). De manière inconsciente, l’esprit indo-européen a rapproché à nouveau ces deux mots, les nativisant de manière quasiment identique. Cette nativisation très proche s’applique à de nombreuses langues.
VIII) Le suffixe des animaux en coréen et japonais
Chaque langue dérivée des langues boréennes s’est nativisée localement d’une manière nonpareille, utilisant de nombreux artifices langagiers pour s’identifier en tant qu’idiome du monde.
En coréen et japonais, une myriade d’animaux possèdent un suffixe final en 이 (i) ou い (i), indiquant leur appartenance au règne animal.
Observons :
갈매기 (kalmaegi | mouette), 고양이 (koyangi | chat), 원숭이 (wonsungi | singe), 강아지 (kangaji | chiot), 토끼 (tokki | lapin), 돼지 (dwaeji | cochon), 나비 (nabi | papillon), 거북이 (keobuki | tortue), etc.
兎 (うさぎ | usagi | lapin), 鰻 (うなぎ | unagi | anguille), 蟋蟀 (こおろぎ | koorogi | criquet), 雉 (きじ | kiji | faisan), 牛 (うし | ushi | vache), 雁 (かり| kari | oie sauvage), 鵲 (かささぎ | kasasagi | pie), 螽斯 (きりぎりす | kirigirisu | sorte de sauterelle) , 蟷螂 (かまきり| kamakiri | mante religieuse), etc.
IX) て (te) & et
Nous avons maintes fois observé que les langues eurasiatiques ont toujours été étroitement liées, mais le temps et les écritures natives auront mussé lerss différences. Les langues transeurasiennes sont qui plus est diamétralement opposées aux langues indo-européennes et vice versa, donc il faut très souvent se retourner l’esprit pour comprendre la pensée locale.
Comparons :
今日(きょう)は朝(あさ)ごはんを食(た)べて漢字(かんじ)を勉強(べんきょう)しました。
(Kyô wa asagohan wo tabete kanji wo benkyô shimashita.)
Aujourd’hui j’ai pris mon petit-déjeuner et j’ai étudié mes kanjis.
大(おお)きくて太(ふと)い木(き)。
(Ookikute futoi ki)
Un arbre grand et gros.
て (te) est un suffixe qui s’ajoute aux verbes et aux adjectifs pour exprimer la nuance « et » et coordonner plusieurs actions ou adjectifs. C’est la façon locale, inversée, d’exprimer « et » et vice versa.
X) Les mots trompeurs en coréen
Nous avons examiné en détail l’histoire de la péninsule coréenne mêlée étroitement à celle du Japon et de la Chine au moins depuis le Paléolithique supérieur (environ -40 000), et savons aussi que la Chine a placé des colonies stratégiques dans la péninsule coréenne durant près de 400 ans, d’environ -100 à 300.
Au moins depuis cette époque, langues et cultures chinoises ont exercé une influence conséquente sur la langue coréenne comme nous allons l’observer, auprès de certains mots qui semblent natifs mais qui s’avèrent en fait des emprunts au chinois médiéval (environ -200 à 800).
I) 가마우지 (kama-uji) (cormoran) est en fait composé de 가마 (kama) (oiseau aquatique) et du mot chinois 鸕鶿 (cormoran) prononcé /luo/ /d͡zɨ/ en chinois médiéval.
II) 임금 (imgum) (roi), est souvent considéré comme l’appellation native (우리말) de 왕 [王] (wang), le mot chinois de même sens. Or, 임금 (imgum) s’écrivait autrefois 님금 (nimgum), dont la première partie correspond au sinogramme 任 (confier ; assumer la fonction de) prononcé /ȵiɪmH/ [neum] en chinois médiéval. 금 (kum), quant à lui est bel et bien le mot natif pour « roi » que l’on retrouve même dans la légende de Tangun. Il dérive du mot transeurasien *kiongi (chef de clan).
Les mots de l’Eurasie
Comme nous l’avons déjà plusieurs fois observé, les mots de l’Eurasie semblent liés depuis quelque 40 000 ans, lorsque nos ancêtres Homo sapiens ont rencontré leurs ancêtres Néandertal, Dénisovien ainsi que d’autres espèces locales encore non recensées et dites « fantômes ».
De nombreux chercheurs parlent en ce cas de langues « nostratiques » ou « eurasiatiques », mais il semble plutôt incongru d’englober toutes les langues d’Eurasie en une seule appellation, aussi parlerons-nous de langues boréennes eurasiatiques. Comprenons plutôt qu’en Eurasie, on parlait des langues fortement semblables, dont les différences s’accroissent à mesure que l’on se dirige vers l’est ou l’ouest.
Observons ci-dessous quinze exemples (parmi des dizaines d’autres) toujours visibles à notre époque :
Boréen | Eurasie de l’Ouest (anglais, français) | Eurasie de l’Est (coréen, japonais) |
*semo | *sema (forme ; apparence) | to seem | sembler | 様 (さま | sama) (apparence) 삼다 (samda) (ressembler) |
*paha | *para (pluie ; pleuvoir) | pluie | 비 (pi) (pluie) |
*panga (os) | bone | 骨 (ほね | hone) (os) |
*lepa (papillon) | papi(llon), lépi(doptère) | 나비 (nabi) (papillon) |
*kuma (ciel ; nuage) | cumulus | 구름 (kurum) 雲 (くも | kumo) (nuage) |
*zawa (soleil ; aube) | hé(liothrope), hé(lianthe) | 해 (hae) 日 (ひ| hi) (soleil) |
*hopi (devant ; sur) | ap(paraître) (suffixe signifiant « devant ») | 앞 (ap) (devant) |
*pere (bord) | péri(mètre) | 縁 (へり | heri) (bord ; contour) |
*təpa (chaud, tiède) | tépide | 덥다 (deopda) (chaud) |
*kane (bâtiment ; construction) | château | castle | 잣 (chat) (château) |
*tara (dur comme la pierre) | dur | 돌 (dol) (pierre) |
*kerta (cœur ; noyau) | core | cœur | 心 (こころ | (ko)koro) (coeur) |
*mawa (mer ; grande étendue d’eau) | mer | marin(e) | 물 (mul) (mer) |
*koro (corbeau) | corbeau | crow | カラス (kara(su)) (corbeau) |
*kupa (puiser de l’eau) | to scoop | 掬う (すくう| sukuu) (puiser de l’eau) |
La logique transhimalayenne et austroasiatique
Si toutes les langues du monde se ressemblent, certaines, partageant un ancêtre commun, tels que le transhimalayen et l’austroasiatique, doivent posséder une logique fort similaire même à notre époque.
Nous allons ainsi examiner dix mots basiques et dix mots de notre époque, démontrant que la logique de création de mots n’a que peu changé, des temps reculés du Paléolithique jusqu’à notre époque.
En l’occurrence, nous comparerons le thaï et le chinois, qui ne sélectionnent qu’une partie (finale ou initiale) d’un mot entendu (élision) ou bien assemblent deux mots natifs pour en créer un nouveau, plus complexe par association. Notons que lorsque l’on conserve une syllabe d’un mot boréen en chinois, on conservera souvent l’autre en thaï et vice versa : il s’agit d’un magnifique chassé-croisé du langage.
Dix mots basiques (sélection d’une seule syllabe d’un mot ancestral) :
Boréen | Chinois | Thaï |
*sawa (ciel) donne aussi « sky | ciel » | 霄 | 宵 [xiāo] ( (ciel (soutenu)) chinois archaïque : *s(k)ew | (ท้อง) ฟ้า ((tóng) fáa) (ciel) proto-thaï : *va |
*kwilu | *kuwlu (entendre ; écouter) donne aussi « hear » et « listen » | 聽 | 听 [tīng] (entendre) chinois archaïque : *leng | ยิน (yin) (entendre) proto-thaï : *ning |
*haka (voir ; œil) donne aussi « œil » et « eye » | 見 | 见 [jiàn] (voir) chinois archaïque : *ken | *qen | เห็น (hĕn) (voir) proto-thaï : *kan |
*sepe (essayer et savoir) donne aussi « savoir » et « sapiens » | 思 [sī] (penser) chinois archaïque : *siǝ(H) | ทราบ (sâap) (savoir (soutenu)) proto-thaï : *sap |
*nǝka ((aussi sombre que la) nuit) donne aussi « nuit » et « night » | 黑 [hēi] (noir) chinois archaïque : *nǝk | ค่ำ (kâm) (nuit ; soir) proto-thaï : *kham |
*pata (pied ; marcher) donne aussi « pied » et « foot » | 步 [bù] (marcher) chinois archaïque : *pat | เท้า (táo) (pied) proto-thaï : ta(o) |
*ma (ordre négatif) perdu dans presque toutes les langues indo-européennes | 無 | 毋 [wú] (négation) chinois archaïque : *mă(H) | มิ (mí) ou ไม่ (mâi) (négation) proto-thaï : ma(i) |
*huwa (pleuvoir ; couler (eau)) donne aussi « uriner », mais mot sinon presque inusité en langue indo-européenne | 雨 [yǔ] (pluie) chinois archaïque : *krwa | *qhʷăH | ฝน (fǒn) (pluie) proto-thaï : *wan |
*keta | *kota (petit village ; foyer (protégé par des murs)) donne aussi « cité » | 居 [jū] (résider) chinois archaïque : *kat | อยู่ (yùu) (se trouver ; demeurer ; habiter) proto-thaï : *kju |
*huwa (couler ; rivière) (doublon) donne aussi « rivière » et « ru » | 流 [liú] (to flow) chinois archaïque : *g(h)rua (-t) | ไหล (lǎi) (couler) proto-thai : *ruai |
Dix mots de notre époque à la logique ancestrale pour créer des mots modernes :
Chinois | Thaï | Français |
学校 | 學校 [xuéxiào] Littéralement : « cour (校) d’apprentissage (学 | 學) ». Un mot japonais construit sur la logique chinoise. | โรงเรียน (rohng rian) Littéralement : « bâtiment (โรง) pour apprendre (เรียน) » | école |
电车 | 電車 [diànchē] Littéralement : « véhicule (车 | 車) électrique (电 | 電) » | รถราง (rót raang) Littéralement : « véhicule (รถ) sur rails (ราง) » | tram |
火车 | 火車 [huǒchē] Littéralement : « véhicule (车 | 車) (fonctionnant) au feu (火) » | รถไฟ (rót fai) Littéralement : « véhicule (รถ) (fonctionnant) au feu (ไฟ) » | train |
电话 | 電話 [diànhuà] Littéralement : « parole (话 | 話) électrique (电 | 電) » Un mot japonais construit sur la logique chinoise. | โทรศัพท์ (toh-rá-sàp) Littéralement : « parole (ศัพท์) lointaine (โทร) » | téléphone |
键盘 | 鍵盤 [jiànpán] Littéralement : « support (盘 | 盤) à touches (键| 鍵) » | แป้นพิมพ์ (bpâen pim) Littéralement : « plateforme (แป้น) à touches (พิมพ์) » | clavier |
天线 | 天線 [tiānxiàn] Littéralement : « câble (线 | 線) aérien (天) » | สายอากาศ (săai aa-gàat) Littéralement : « câble (สาย) aérien (อากาศ) » | antenne |
冰箱 [bīngxiāng] Littéralement : « boîte (箱) à glace (冰) » | ตู้เย็น (dtôo yen) Littéralement : « armoire (ตู้) froide (เย็น) » | frigo |
自动扶梯 | 自動扶梯 [zìdòng fútī] Littéralement : « escalier (扶梯) automatique (自动 | 自動) » | บันไดเลื่อน (ban-dai lêuan) Littéralement : « escaliers (บันได) glissants (เลื่อน) » | escalators |
扩音器 | 擴音器 [kuòyīnqì] Littéralement : « appareil (器) pour amplifier (扩| 擴) le son (音) » | เครื่องขยายเสียง (krêuang kà-yăai sĭang) Littéralement : « appareil (เครื่อง) pour amplifier (ขยาย) le son (เสียง) » | porte-voix ; mégaphone |
Les caprices du « p » coréen
Pour une raison qui échappe encore à l’auteur de ces lignes, de nombreux mots natifs débutant par un « p » en coréen ont perdu leur syllabe finale, en passant du transeurasien au coréen archaïque.
Une supposition serait que cette perte eût probablement engendré l’accent tonique en coréen qui est désormais perdu, mais toujours présent en japonais.
Nous allons en examiner quelques-uns venant de la même racine boréenne :
Boréen | Eurasie de l’Est (coréen) | Eurasie de l’Ouest (français, anglais) |
*paha | *para (pluie ; pleuvoir) | 비 (pi) | pluie |
*panga (os ; dent) | 뼈 (pyeo) | bone |
*pile (sang ; esprit) | 피 (pi) | blood |
*pare (bourgeon ; fleur) | 피다 (pida) | bloom |
*pusa (balayer) | 비 (pi) | broom |
*pera (bateau (appellation générale)) | 배 (pae) | boat |
*paja | *poja Ce mot semble emprunté. Cf. explications ci-dessous | 배 (pae) | pear |
Note : le dernier mot, « poire », semble emprunté à une langue des plaines du Caucase où prunes et poires possédaient des noms fort identiques qui ont rayonné en de nombreuses langues.
Comparons :
Arabe et hébreu :
إِجَّاص (ʾijjāṣ) et אַגָּס (ʾagā́s) (poire)
Chinois :
梨 [lí] chinois archaïque /*ril/ (poire)
李 [lǐ] chinois archaïque *rə (prune)
Japonais :
梅 (うめ | ume) (prune) venant du transeurasien *iumu (fruit ; baie) à comparer au grec ancien προῦμνον (proûmnon).
La réponse dans la traduction
Si toutes les informations ci-dessus sont correctes, les traductions des mots doivent se refléter localement, et cela même à notre époque.
Ainsi, souvent la réponse d’un mot se trouve-t-elle dans sa traduction, ce qui aide à comprendre et apprendre le mot, si l’on parvient à se plonger dans la pensée locale.
I) Os
骨 (ほね | hone) en japonais et « bone » en anglais signifient tous deux « os » de manière locale. Boréen : *panga (os ; dent))
II) Petit
นิด (nit) en thaï et « tiny » en anglais signifient tous deux « petit (peu) » de manière locale. Boréen : *tena | *tana (petit)
III) Route
路 [lù] en chinois et « road | route » en français et anglais, signifient tous deux « route » de manière locale. Boréen : *rempa | *remka (route, chemin)
IV) Sable
砂 [shā] en chinois et « sable | sand » en français et anglais, signifient tous deux « sable » de manière locale. Boréen : *sama (sable)
V) Mère
母 [mǔ] (mère) en chinois et presque tous les mots signifiant « mère | maman ». Boréen : *hama (mère)
VI) Boire
ดื่ม (dèum) en thaï et « drink » en anglais, signifiant tous deux « boire ». Ils sont mutuellement la prononciation locale de l’un et de l’autre. Boréen : *tara (boire)
VII) Ciel
空 (そら | sora) en japonais et « ciel | sky » en anglais et français signifient tous deux « ciel ». Boréen : *sawa (ciel)
VIII) Bord | périmètre
縁 (へり | heri) en japonais et « péri(mètre) » en anglais et français signifient tous deux « bord ». Boréen : *pere (bord). Ce patron p | h | f・r・ est par ailleurs extrêmement bien conservé dans toutes les langues et tout à fait digne d’intérêt.
Il s’associera même à des mots comme « loin » ou « voyage », témoignant d’un voyage autour des côtes maritimes et autres pieds de montagnes, soit les « bords » des paysages qui forment notre monde.
IX) Deux
둘 (dul) en coréen et « two | deux » en anglais et français signifient tous deux « deux ». Boréen : *tuwa (deux). Les racines des chiffres sont également partagées dans toutes les langues mais adaptées localement, les rendant parfois tout à fait méconnaissables.
X) Je
저 (jeo) en coréen et « je » en français, signifiant tous deux « je ».
Boréen : *haga. Il s’agit d’un doublon, car ce mot boréen donne également la particule 가 (ga) en coréen et japonais. Cela s’observe encore dans la formule 제가 (jega) ((c’est moi) moi qui… ; moi je…).
L’éclairage du chinois archaïque
Pour des yeux inavertis, le chinois archaïque semble terriblement abstrus et complexe : il semble comme un amas de prononciations difficiles et archaïques.
Or, lorsque l’on sait que toutes les langues du monde sont liées et que l’on connaît la dérivation principale des mots en chinois, ne conservant qu’une seule syllabe, le chinois archaïque devient alors grande source de compréhension de la langue.
Il incarne un reflet du passé permettant d’éclairer le présent de tous ses feux.
I) Rite
礼 | 禮 (rite) [lǐ] se prononçait /*riːʔ/ ou /*[r]ˤijʔ/ en chinois archaïque, dont il s’agit de la première partie du mot « rite ».
II) Forger (à coup de marteau)
锻 | 鍛 [duàn] (forger) est une création est-asiatique car le chinois archaïque /*toːns/ est une onomatopée imitant le bruit d’un marteau s’abattant sur l’enclume pour forger le fer. Cette onomatopée semble est-asiatique car elle se retrouve en japonais とんとん (ton ton).
Observons également le quatrième ton qui descend et exprime bien le bruit d’un martèlement.
III) Le grondement du tonnerre
雷 [léi] (tonnerre) semble lui aussi une création est-asiatique exprimant le grondement du tonnerre comme en témoigne le chinois archaïque /*C.rˤuj/ ou /*ruːl/ : ruul, ruul ! Le sinogramme 隆 [lóng] (grondement du tonnerre) souvent redoublé se prononçait /*[r]uŋ/ en chinois archaïque : rong, rong !
Un mot marque donc bien son essence.
IV) Cause
故 [gù] (cause ; car) se prononçait /*kˤa(ʔ)-s/, /*kˤaʔ-s/ ou /*kaːs/ en chinois archaïque, de même origine que « cause » ou encore « sake » (par métathèse), tous de même sens.
V) Bord
边 | 邊 [biān] (bord) se prononçait /*pˤe[n]/ ou /*mpeːn/ en chinois archaïque et *per en transhimalayen. Pensons à la racine boréenne observée plus haut dessus *pere (bord) qui donne aussi « périmètre ».
VI) Idée
意 [yì] (idée ; intention) se prononçait /*ʔ(r)ək-s/ ou /*qɯɡs/ en chinois archaïque, à lier à la prononciation de 核 [hé] (cœur ; noyau) mais autrefois /*[ɡ]ˤ<r>ək/ ou /*ɡrɯːɡ/.
意 est donc le cœur (心) de notre pensée, le noyau de nos intentions.
VII) Vieux
老 [lǎo] (vieux) se prononçait /*C.rˤuʔ/ ou /*ruːʔ/ en chinois archaïque, et semble une adaptation locale du mot « old » par inversion (métathèse).
VIII) Enseigner
教 [jiāo] enseigner, se prononçait /*s.[k]ˤraw/ ou /*kraːw/ en chinois archaïque. Il correspond à l’enseignement des hexagrammes 爻 de même prononciation en chinois archaïque. Il est aussi lié au sinogramme 高 (haut) prononcé /*kaːw/ en chinois archaïque, donc une allusion à une personne de grand âge, ou bien au rang élevé.
IX) Réfléchir
Puisque tous les mots sont liés de haute à faible ancestralité, nous pouvons désormais comprendre le sinogramme 考 [kǎo] (réfléchir). Il s’agit d’une fusion des deux entrées précédentes : 老 (vieux) + 教 (enseigner) = 考 (réfléchir).
考 (réfléchir) se prononçait en effet /*k-r̥ˤuʔ/ ou /*kʰluːʔ/ en chinois archaïque, soit une combinaison des deux prononciations précédentes : une personne âgée qui peut enseigner et est à la tête de toute réflexion. Cela s’observe encore dans le mot thaï ครู kroo (professeur).
X) Croiser
交 [jiāo] (croiser) qui se prononçait /*[k]ˤraw/ ou /*kreːw/ en chinois archaïque, soit l’adaptation locale du mot « croix » ou bien « croiser ».
Le principe de NicoDico
Les formules suivantes permettront de comprendre en profondeur la pensée locale des grandes familles de langues ; il s’agit d’un principe découvert par le fondateur de NicoDico et s’appliquant à une très grande quantité de mots natifs de toutes les langues des grandes familles de langues.
Partons à nouveau du mot boréen *həcha (petit matin) que nous allons adapter localement.
Afroasiatique (arabe, hébreu) : on inverse souvent les mots (métathèse) ou bien y rajoute des syllabes (épenthèse).
Le mot devient :
Arabe : صَباح (sabah) (matin)
Hébreu : שַׁחַר (shakhar) (aurore (soutenu))
Austroasiatique (thaï, vietnamien) : on ne garde qu’une syllabe finale ou initiale d’un mot (élision).
Le mot devient :
Thai : เช้า (cháao) (matin)
Transhimalayen (chinois, tibétain) : même chose que l’austroasiatique, une syllabe pour un mot car ils proviennent d’un ancêtre commun. Les mots sont aussi parfois inversés (métathèse).
Le mot devient :
Chinois mandarin : 朝 [cháo] | [zhāo] (matin)
Transeurasien (japonais, coréen) : diamétralement opposée à l’indo-européen (français, espagnol, anglais etc.) et vice versa. Les mots sont donc très souvent inversés (métathèse), ils perdent très souvent leur consonne initiale (perte initiale) ou bien se voient ajouter une syllabe (épenthèse).
Le mot devient :
Japonais : asa (あさ| 朝) (matin)
Coréen : achim (아침) (matin)
Une nouvelle conclu-discussion
À l’instar des deux articles précédents démontrant l’évolution corrélée des langues et écritures du monde, il ne faudrait point clore cet article par des lignes hermétiques.
Les lecteurs auront désormais ressenti que dans toutes les langues du monde subsistent des patrons, soit des reflets ancestraux des mots de nos ancêtres. Ces patrons peuvent s’employer lorsque l’on apprend une langue afin de découvrir et retenir plus efficacement les mots mais aussi lorsque l’on effectue des recherches en linguistique ou paléolinguistique.
Les lecteurs les plus sceptiques et moins convaincus auront tôt fait d’essayer de repérer par eux-mêmes les patrons présents dans les racines de chaque mot de chaque langue du monde qu’ils connaissent. Ils s’apercevront de liens uniques et forts, en pensant de manière locale.
Cet article appelle également à s’ouvrir au monde et à ses nombreuses cultures ; il invite à s’émanciper du carcan et de la pensée liée à sa langue maternelle. Si de nombreux apprenants en langues ne progressent guère et stagnent, il s’agit souvent d’un manque de compréhension de la pensée locale, et d’un trop fort attachement à la langue maternelle. Il en va de même pour les recherches fortement indo-européanisées à la vision limitée qui obombrent les progrès en linguistique.
Quelle que soit la recherche que l’on souhaite entreprendre ou le mot que l’on souhaite comprendre, sachons dorénavant qu’il se cache peut-être déjà en nous et qu’il sera prononcé localement de manière nonpareille.
Tous les mots du monde arborent ainsi une forte universalité que l’on tend à oublier lorsque l’emprise de notre milieu local se fait trop ressentir sur notre apprentissage ou nos recherches.
À l’aide d’un spectre très large, minons désormais les galeries du temps et comprenons-en les secrets les plus enfouis.
Références
Prononciations anciennes et dictionnaires
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http://humanum.arts.cuhk.edu.hk/Lexis/lexi-mf/
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