🐪 Comment apprendre une langue : le cas de l’arabe et l’hébreu 🌵

À l’instar de la grande diversité d’articles rédigée sur ce blog, le lecteur ne trouvera ici rien à acheter, ni aucune solution miracle destinée aux apprenants en langues. Tout apprentissage d’une langue requiert des efforts sur le long terme pour parvenir à ses fins ; la persévérance, l’assiduité, et la patience seront donc requis céans.

Certains lecteurs auront probablement d’ores et déjà lu l’article précédent concernant l’apprentissage du thaï — qui se poursuit toujours — à l’aide de la méthode holistique prônée par NicoDico.

Cette méthode permet de passer d’un niveau zéro à avancé, quelle que soit la famille de langues, et cela en six mois à un an selon l’implication dans l’apprentissage. On accordera, par cette méthode, grande importance à l’exposition journalière sur le long terme ainsi qu’à la pratique active et passive, sans omettre une récolte de mots conséquente.

Le lecteur trouvera tout d’abord ci-contre une courte mise à jour concernant ledit apprentissage du thaï :

L’article précédent lié au thaï s’arrête en juin 2021 ; il narre de ce fait six mois d’un apprentissage continu et assidu de la langue thaï. Six mois ayant à nouveau passé, il faut raconter au lecteur les progrès que l’on peut obtenir lorsque l’on ne tarit point d’effort sur le long terme.

Durant l’été 2021, j’ai donc lu chaque soir en thaï, au rythme d’environ un livre par mois, et je continue depuis à en lire régulièrement, les livres étant des sources infinies de compréhension d’une langue. Ils m’ont toujours apporté leur aide pour approfondir la connaissance d’une langue.

Mes capacités à l’oral se sont fort accrues et je me sens davantage à l’aise qu’en juin, n’ayant cessé de pratiquer au moins une fois par semaine la langue à l’oral. Discord — dont on parlera plus en avant dans cet article —, a fort bien exhaussé mes compétences orales ; et le streaming m’a également porté grand secours dès la fin de l’été.

J’ai également, grâce aux recommandations d’un élève, commencé à rédiger des textes à propos de nombreux sujets sur le site Langcorrect, qui me plaît beaucoup et m’apporte une aide conséquente pour m’améliorer à l’écrit. Il me rappelle énormément l’époque de Lang-8, lorsque j’écrivais un article tous les deux trois jours en japonais ou anglais.

Grâce à la méthode holistique exploitée durant un an, on atteint donc le stade avancé dans toutes les compétences et peut véritablement débuter son parcours dans la langue d’une famille que l’on ignorait totalement il y a peu.

Abordons désormais six mois d’apprentissage de l’arabe et de l’hébreu

En juin 2021, à l’occasion d’un festival de langues sur NicoDico, j’ai donc entrepris l’apprentissage de deux langues afroasiatiques : l’arabe et l’hébreu. Celles-ci m’étaient requises pour mes recherches mais surtout pour approfondir ma connaissance des cultures et pensées de cette partie du monde.

Il ne s’agissait guère de la première fois que je me lançais dans une telle tâche qui est celle d’approcher deux langues inconnues dans le même temps car en l’an 2013 de notre ère, j’avais choisi le chinois et le coréen comme sujet d’étude à l’université. Alors fort peu expérimenté dans les langues, ce choix fut fort ardu et intrépide, mon apprentissage ayant été foncièrement inefficace et peu qualitatif durant la première année.

De nombreuses années après, je réitère ce défi personnel et intriqué à travers l’arabe et l’hébreu, enhardi d’une brassée d’années d’expérience qui me faciliteront grandement la tâche.

Cette fois-ci, une myriade d’obstacles imprévus sont venus entraver mon chemin : perte de motivation, épuisement des ressources, rareté des correspondants et difficulté de m’améliorer en profitant réellement ; mais je me suis arrangé pour les contourner peu ou prou. Le parcours en thaï m’aura, qui plus est, permis d’éviter maintes erreurs pour ce défi.

À la manière de l’article précédent, le lecteur verra des progrès croissants au fil des mois, malgré une certaine baisse de motivation en été ; il constatera également le nombre de mots ajoutés dans le logiciel Anki, permettant de créer une base de données de ces deux langues.

J’ai cette fois créé des doubles cartes en arabe et hébreu, contenant une grande variété de synonymes tous rencontrés en contexte (titre ou description de vidéo, texte en ligne, cours de langue, site, etc.). Le total de mots final obtenu doit vraisemblablement être multiplié par 1.5 pour représenter plus précisément la quantité de vocables enregistrés léans.

De juin à décembre 2021, je me suis évertué à apprendre l’arabe et l’hébreu durant une à trois heures par jour, ce qui doit représenter entre 360 à 500 heures d’apprentissage au total.

Pour me hisser vers un niveau avancé en lecture et intermédiaire à l’oral, cela ne paraît qu’un modeste laps de temps.

Premier mois (juin 2021 à juillet 2021) (1323 mots dans Anki)

On peut dire que le premier mois a commencé d’une manière tout à fait impavide : me plongeant à corps perdu dans ces deux langues, j’ai récolté tous les mots que je rencontrais.

Je levraudrais chaque mot en contexte ainsi qu’un limier dans une forêt des plus giboyeuses.

Chaque semaine, un professeur en arabe et en hébreu, sélectionnés sur Italki, répondaient à mes questions, et me montraient de nouveaux mots d’une manière libre et intéressante. Je les avais choisis pour la liberté de leur apprentissage et leur désacadémisme.

Le début de l’ascension, du niveau débutant à intermédiaire, semble le plus semé d’embûches ; il faut donc persévérer, s’enquérir sur de nombreux points obscurs ainsi que s’escrimer tout le long du temps qui nous est imparti.

Dès le premier mois, j’ai tenté de quérir l’aide de correspondants sur Tandem, puis sur Language Exchange ; hélas — d’où une certaine baisse de motivation —, j’ai éprouvé les pires difficultés à trouver des partenaires de langues, qui arriveront dès le quatrième mois seulement.

Soit, les premiers mois seront donc riches en nutriments langagiers, plus passifs qu’actifs, un facteur très important au début : se nourrir de la langue en abondance.

Fouillant toutes les ressources pour apprendre ces deux langues, furetant à travers les méandres de YouTube pour dénicher des chaînes intéressantes ou de qualité, et tirant également profit des dictionnaires pop-up et du Wiktionnaire, j’ai tout mis en œuvre pour m’exonder du niveau débutant et m’élancer vers le stade intermédiaire.

Il s’agit en l’occurrence d’une étape cruciale que bon nombre d’apprenants n’arrivent guère à passer ; on les voit alors choir sur le bas-côté, observant d’un regard, parfois jaloux parfois triste, autrui qui chemine vers l’avant.

À l’image du thaï, j’ai écouté chaque jour podcast et musique sur Spotify, dès que j’en avais le temps, alimentant mon esprit d’arabe et d’hébreu le plus régulièrement possible. La musique et les podcasts étant souvent réservés pour le matin avant de donner cours de chinois, japonais et coréen, ou encore les moments passés à cuisiner, le midi et le soir.

J’ai lu une grande variété d’articles à l’aide d’un dictionnaire pop-up (Arabic Vocabulary) ainsi que de nombreux autres dictionnaires et conjugueurs (Bab.La, Morfix, Pealim), découvrant peu à peu la langue, tout en ajoutant chaque nouveau mot sur Anki avant de l’écrire sur du papier.

Changeant quelque peu la stratégie employée pour le thaï, j’ai cette fois-ci tenté de regarder des jeux (let’s play, walkthrough) et autres diffusions en direct (streaming) en arabe et hébreu, une méthode relativement simple et adaptée qui permet, même aux débutants, de profiter d’une langue dès les premiers instants.

On entend en effet une langue naturelle et émancipée de toute contrainte académique, tout en se détendant à travers le visionnage d’un jeu que l’on apprécie(ra peut-être) vraiment.

Écrit, oral, lecture et écoute : les quatre compétences étaient donc réunies pour offrir au fil des mois une véritable synergie méliorative.

Deuxième mois (juillet 2021 à août 2021) (1323 + 674 = 1997 mots dans Anki) 

Ce mois-ci, le lecteur pourra ressentir une certaine baisse de motivation, car j’avais d’ores et déjà épuisé la majorité des ressources qui m’intéressaient en ces deux langues ; celles-ci ne se renouvelant au demeurant pas autant que d’autres langues ou bien ne se montrant pas aussi abondantes.

Une fois que j’avais regardé une dizaine de jeux sur YouTube, visionné la plupart des vidéos des YouTubeurs réellement regardables ainsi que tenté de lire la plupart des sites intéressants et abordables, j’ai été confronté à une terrible pénurie qui a affecté au plus haut ma motivation.

J’ai même arrêté de prendre des cours d’arabe et d’hébreu, tant je peinais à progresser…

Il faut aussi dire que les diffusions en direct (live) sur Twitch ou YouTube en arabe ou hébreu qui ne concernaient pas des jeux de tir ou de massacre étaient rares, ne me laissant ainsi qu’un reste famélique pour me divertir en ces langues. Qui plus est, lesdites diffusions s’avèrent extrêmement rares en hébreu ; la diffusion en direct n’étant peut-être que peu une affaire hébraïque.

Malgré cette disette linguistique, je n’ai point abandonné, quoique le rythme initial ait chu grandement.

J’essayais donc journellement de trouver et lire des articles dignes d’intérêt sur des sujets que je connaissais déjà, ou encore des pays, lieux ou animaux que j’avais envie de découvrir en ces langues.

Pour la lecture, j’exploitais ainsi ma curiosité à tout instant afin d’apprendre en me documentant dans une langue étrangère : d’une pierre deux coups !

La musique arabe et hébraïque m’a accompagné jour après jour, que j’ai appréciée d’autant plus que je l’écoutais. La langue se retient fort bien une fois chantée et offre un petit apprentissage facile ; je dois cette découverte à la communauté NicoDico qui adore apprendre à l’aide de la musique puis à son expérimentation lors de l’apprentissage du thaï.

Cherchant toujours des correspondants, je n’ai cessé d’envoyer des messages sur tous les sites de correspondants connus, ne m’offusquant plus depuis bien longtemps de n’obtenir réponse.

Troisième mois (août 2021 à septembre 2021) (1323 + 647 + 319 = 2289 mots dans Anki)

Les efforts commençaient enfin à payer après avoir cultivé l’apprentissage de l’arabe et l’hébreu durant trois mois consécutifs.

Je lisais avec légèrement plus de fluidité des articles en tout genre et réalisais d’infimes progrès à l’oral ; ceci prouve que tout le monde peut atteindre un niveau de conversation basique car il possède des limites évidentes n’employant qu’un certain nombre restreint de mots.

Musique, lecture, écriture, oral, et divertissement journalier en ces langues dès que j’en avais le temps portaient peu à peu leurs fruits.

Malgré la maigreur des ressources qui m’intéressaient vraiment en ces langues, j’ai persisté et me suis débattu pour maintenir un apprentissage constant et journalier.

En ces cas-là, il ne faudrait jamais perdre espoir, mais toujours continuer car les progrès sourient à ceux qui apprennent de manière stable et régulière, c’est-à-dire un peu tous les jours sur une longue période de temps.

J’ai par conséquent dû faire flèche de tout bois, diamant de toute infime gemme, rassemblant toutes les ressources étiques pour les transformer en festin de mots afroasiatiques.

Quatrième mois (septembre 2021 à octobre 2021) (1323 + 647 + 319 + 285 = 2574 mots dans Anki) :  

Arrivé dans une impasse et un déclin progressif de ma motivation, j’ai ce mois-ci inversé le sens de la charrue et labouré vers l’inconnu.

Il s’agissait ici de changer drastiquement ma méthode pour rafraîchir mon apprentissage et sortir tout à fait de ma zone de confort, en m’immergeant dans l’obscurité totale.

J’ai donc essayé de rejoindre de nombreux serveurs Discord pour pratiquer l’oral, tels que Language Sloth ou encore Language Zone, mais aussi de lire chaque jour au moins un paragraphe d’un article Wikipédia en arabe et en hébreu.

Ce bouleversement de méthode fut une illumination, car en me rendant sur lesdits serveurs Discord, puis écoutant et tentant de participer à des discussions en arabe — l’hébreu étant une nouvelle fois extrêmement rare —, j’ai remarqué que je comprenais davantage que deux ou trois mots.

Il m’arrivait parfois d’entendre des phrases complètes ou encore de pouvoir déduire approximativement le sujet de la discussion.

Discord a tellement dynamisé mon apprentissage en arabe et hébreu que j’ai même pu rencontrer des correspondants en ces langues : ils s’étaient faits attendre ! Les tchats vocaux m’ont permis de pratiquer davantage l’oral en toutes mes langues et d’accroître mes capacités d’écoute et d’oral.

Écouter des natifs parler naturellement sans entrave ni choix précis de mots était — et le demeure toujours ! — extrêmement bénéfique.

J’ai par la suite repris contact avec mon professeur d’arabe qui souhaitait apprendre le japonais, et nous avons commencé un échange hebdomadaire en japonais et arabe.

Peu à peu, je commençais à passer outre le niveau débutant à l’oral et m’acheminer vers l’intermédiaire.

Il existe toujours un moyen de s’améliorer quelle que soit la langue, et parfois le changement aide à enrayer ennui et démotivation.

Cinquième mois (octobre 2021 à novembre 2021) (1323 + 647 + 319 + 285 + 210 = 2784 mots dans Anki) 

Entraîner deux langues afroasiatiques — une famille de langue dont je n’avais auparavant appris aucun idiome —, s’avère beaucoup plus demandeur qu’une seule langue, fût-elle de niveau SSS comme le thaï.

Les efforts sont ainsi démultipliés mais les progrès ne suivent, eux, que lentement ; frustration et stagnation surgissent alors souventefois pour nous venir faucher le pas.

Ce cinquième mois, j’ai donc continué à écouter de la musique et des podcasts, ainsi qu’à lire des articles Wikipédia différents chaque jour (nature, Vietnam, nourriture japonaise, nuage, galaxie, histoire de la Chine, civilisations mésoaméricaines, etc.), sans oublier de parler sur Discord avec des natifs dès que possible.

Je dois cependant déplorer la maigre qualité et quantité d’informations en hébreu, probablement car l’anglais a d’ores et déjà triomphé, supplantant cette dernière, moins prestigieuse.

Alternant entre divertissement et Discord, j’ai exploité chaque moment de libre pour m’entraîner à l’écoute et à l’oral, chaque jour sans presque exception.

Quant à la lecture, les tchats écrits entre natifs de l’arabe et de l’hébreu sur Discord m’ont permis, en les lisant un par un, de compléter les mots manquants de la conversation de tous les jours.

Pied à pied, je m’améliorais en arabe et hébreu, revoyant sans cesse les mêmes mots et expressions qui se venaient dorénavant ancrer en mon esprit.

Sixième mois (novembre 2021 à décembre 2021) (1323 + 647 + 319 + 285 + 210 + 221 = 3005 mots dans Anki) 

Durant ce dernier mois, j’ai continué à apprendre l’arabe et l’hébreu à l’aide de toutes les ressources mentionnées ci-dessus. De nombreux nouveaux streamings en hébreu et arabe m’ont aidé à entendre la langue d’une manière différente.

J’ai essayé de combler toutes mes lacunes en langue de tous les jours en lisant des conversations de natifs sur Discord, des commentaires YouTube et m’assurant d’avoir bien compris mes lectures, ce qui fut très formateur et source éternelle d’amélioration.

Je me suis également rendu à la librairie hébraïque et arabe en fin de mois pour m’y procurer une dizaine de livres que j’espère voir dynamiser mon apprentissage. Après six mois d’apprentissage du thaï, j’ai réalisé la transition de l’article sur Internet à la littérature, qui fut difficile mais indispensable. J’espère donc faire de même pour l’arabe et l’hébreu.

Le manque de pratique à l’oral se fait cependant ressentir et je trouve mes capacités en arabe et hébreu bien trop passives ; mais ce n’est que le début, car tout ne fait que commencer !

Quel arabe apprendre ?

Bien avant de débuter mon apprentissage, il s’était naturellement posé la question de savoir quel arabe j’allais apprendre, étant donné que chaque pays arabophone parle un arabe légèrement différent. Il existe aussi la langue littéraire, utilisée dans les médias, à l’écrit et dans les livres.

De nombreux apprenants se concentrent de ce fait sur une seule sorte d’arabe en plus de l’arabe littéraire, tout simplement pour pouvoir communiquer et s’exprimer de manière relativement naturelle et moins soutenue.

Sachant pertinemment que toutes les langues du monde sont liées et appartiennent tout du moins à nos premiers ancêtres Homo sapiens, l’arabe devait donc pouvoir s’apprendre de manière holistique.

Sans me poser la question de savoir quel arabe j’allais apprendre, j’ai décidé d’apprendre la langue arabe dans sa globalité, soit de m’exposer aux trois sortes d’arabe principales qui existent et sont les plus courantes : syro-libanais, Golfe et égyptien. L’arabe du Maghreb étant par trop différent pour servir en dehors du Maghreb.

Que ce soit pour les correspondants ou les vidéos YouTube ou autres streameurs, j’ai bien veillé à inclure de nombreux locuteurs de plusieurs régions arabophones.

Et surprise, comme je m’y attendais : une très bonne connaissance de la langue arabe, liée à l’arabe littéraire, permet de comprendre cette langue de manière globale et de communiquer à l’oral avec différentes régions du monde arabe.

Tous les locuteurs des pays du monde arabe parlent ainsi une langue qui varie peu ou prou selon les régions, en utilisant ce mot-ci çà et ce mot-là autre part. Il en va de même pour la prononciation des mots, qui sont foncièrement les mêmes, mais prononcés avec une terminaison ou un accent nonpareils.

Le commencement de l’aventure afroasiatique

À l’instar de l’article concernant le thaï, que le lecteur ne se méprenne guère : atteindre un niveau relativement avancé dans une langue signifie que l’on va enfin commencer à s’améliorer et pénétrer ses arcanes.

Après six mois d’apprentissage de l’arabe et de l’hébreu, je me sens donc avancé en lecture, mais seulement intermédiaire à l’oral. Le manque de natifs disposés à réellement échanger de manière régulière se sera fait ressentir cette fois-ci, et mes compétences à l’oral n’auront pas suivi les autres.

Mais cela ne pose aucun problème car il faudra tâcher d’activer sur le long terme tout ce qui a été appris de manière passive ; c’est un travail quelque peu long, mais nécessaire.

Je vais m’évertuer davantage à apprendre ces deux langues, sur le long terme pour les connaître aussi profondément que les autres.

Tout ne fait donc que commencer !